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UN MAR1AGK SOUS LES TUOPIQUhS. 183 de notre affection. Comment pourra-t-elle résister à l : a- mour de Rodolphe, de Wilhelmine et au mien réunis ! Hélas ! le pauvre homme se trompait étrangement et, dans la simplicité de son âme, il croyait à l'existence de sentiments dont les pulsations ne battaient réellement que dans sa poitrine. Il aimait si fort, si naïvement son Ro- dolphe que tout ce que Rodolphe distinguait avait la clé de son cœur, et que du moment où Herminia avait été sa" belle-fille,, il l'avait chérie de toute la tendresse qu'il lui supposait pour son fils. Aussi roulait-il dans son cerveau mille projets d'éducation progressive qui, basée sur une bienveillance intelligente, devait en peu de temps dépouil- ler cette plante inculte de sa rude écorce et développer en elle les fruits savoureux delà civilisation. Nous ne parlerons pas d'Herminia qui nous révélera plus tard ses propres sensations. Quanta Rodolphe, il était cal- me et sérieux. Son empressement auprès de sa femme ne. trahissait aucune de ces préoccupations amoureuses qui absorbent d'ordinaire les jeunes époux à la clarté de la lune de miel. Marié depuis dix jours, il paraissait l'être de dix ans et traitait sa femme avec amitié et considération, mais sans élan, sans cette chaleur communicative qui établit une chaîne magnétique entre deux âmes. Il l'avait dit à son père. Herminia devait être pour lui une amie plutôt qu'une amante, — qu'on nous passe cette appella- tion vieillie — la femme lui plaisait : il était disposé à la rendre heureuse par tous les moyens que lui suggérait la raison dépouillée d'amour; il n'aspirait qu'à la tranquillité, aux joies dépoétisées mais certaines du foyer domestique • il espérait enfin trouver dans cette union le premier en- grenage de la roue qui devait le conduire à l'indépen- dance et, dans sa détermination, son cœur avait été d'ac- cord avec son calcul.