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33i          UN MARIAGE SOUS LES TIHH'IQUES.

toute sa vie à Chirimayo avec son enfant! Quant à Ro-
dolphe, peu lui importe.
   — Mon fils, me disait-elle hier, n'a que faire d'un père.
Quand le moment sera venu je n'aurai besoin de personne
pour le faire élever en Europe. Rodolphe peut s'en aller
quand il voudra.
   — Et tu crois, repris-je, que Rodolphe consentira à un
tel plan et que nous mômes, nous consentirons à nous sé-
parer ainsi dé notre petit-fils?
   — Votre petit-fils ! s'écria-t-elle en saisissant le cher
enfant avec un bond de sauvage : votre petit-fils! eh ! je
voudrais bien savoir de quel droit vous auriez une volonté
à son égard! Allez donc ! Il ne vous est rien, cet en-
fant !
   Et d'un autre bond elle s'enfuit dans un coin de la
chambre, où elle s'accroupit.
   Quant à moi, Léonard, je pensai me trouver mal. La
haine de cette femme s'était montrée si à découvert, sa
résolution était si clairement exprimée de nous ravir cette
pauvre créature qu'elle aime comme les animaux aiment
leur progéniture, tous mes rêves de bonheur pour Rodol-
phe, toutes ces espérances si chèrement achetées étaient
tellement menacés qu'un brouillard obscurcit ma vue. Je
 quittai brusquement Herminia pour rester maîtresse de
 moi-même, et les larmes seules m'ont un peu soulagée.
   Mais, comme tu le dis, il faut que cela finisse. Non
 point, crois-moi, que mon cœur recule devant la douleur
 quotidienne de cette vie dont chaque minute est empoi-
 sonnée; je m'y résignerais avec joie si le bonheur de Ro-
 dolphe en était 1 • prix ! Mais à mesure que les jours s'é-
 coulent Herminia laisse aller son masque et notre position
 devient plus critique. Je ne me lève jamais sans une ap-
préhension indicible, qui ne se dissipe qu'en voyant Her-