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UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES FIN (*). Rodolphe rêvait donc, et, se laissant aller au courant de sa pensée, tantôt il oubliait presque son funeste mariage et reprenait une à une les illusions qui l'avaient précédé, tantôt, par un brusque retour, il songeait à l'adieu de sa mère, à cette dernière étreinte sur son sein palpitant et sentait revivre dans le souvenir de son regard illuminé parla tendresse, l'espoir déraciné de sa félicité conjugale. Par une intuition singulière il avait deviné sous la pres- sion de son baiser, les efforts qu'allait tenter l'affection de cette noble femme, et la confiance en l'avenir lui était revenue colorée de tout le prisme de sa jeune imagination. Il voyait flotter l'image d'une Herminia transformée, pa- rée de toutes les grâces qui lui manquaient et souriant à sa mère en lui présentant son enfant suspendu à son sein ! Il s'en fallait bien que sa femme se préoccupât des mêmes songes ! Par suite de la contradiction perpétuelle qu'elle opposait aux désirs de sa famille, elle avait voulu que son matelas fût étendu sur le plancher, rejetant bien loin le lit qu'on lui avait offert. Sa chambre était l'image du désordre. Les malles, ouvertes, laissaient sortir le linge et les robes qui traînaient sur le carreau; les chaises étaient encombrées d'objets de toilette; les chaussures gisaient pêle-mêle avec les rubans, les savons, les pei- gnes, les ustensiles les plus intimes. Accroupie au bord (*) Voir les précédentes livraisons.