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                 SUR LE CANTON DE MORNANT.                   289

fut implacable la vengeance des ligueurs. Mais de l'an-
tique demeure seigneuriale rien ne fut épargné ; aucun
débris ne nous rappelle ce temps de splendeur, où le fier
donjon annonçait au loin dans la plaine la puissance des
seigneurs de Roussillon et des sires de Thoire-Villars.
A peine retrouvons-nous dans les murailles du nouveau
château, bâti pendant les dernières années du xvi e siècle,
quelques-unes des meurtrières de la vieille forteresse
féodale.
   Chevrières se livra-t-il à des actes de violence contre
les personnes, et le bourg de Riverie fut-il livré au pil-
lage de ses soldats ? La tradition l'en accuse. S'il faut l'en
croire, toute la population virile aurait été massacrée ;
le sang aurait coulé jusqu'auprès de Saint-Didier, au lieu
appelé Champ-Dolent [campus dolens, champ de dou-
leur), et le nom de rue Morte rappellerait encore le lieu
où furent inhumés les victimes des ligueurs. Les mœurs
du temps et la haine implacable que se vouaient les deux
partis tendraient à confirmer ces récits, que font encore
les vieillards. Trois mois auparavant (3 mai 1590) les
habitants de Charlieu avaient été ainsi tous massacrés
par les ligueurs, lors de la prise de cette ville.
  Quant à Riverie, si les nombreux documents, que nous
possédons sur le siège de cette place, ne nous indiquent
pas quel fut le sort de la population civile, nous voyons
du moins que les instructions, données par le Consulat
à Chevrières, lui prescrivaient de ne faire grâce à aucun
des royalistes réfugiés dans le château ,après la prise du
bourg, et cela, joint aux habitudes de l'époque, peut bien
donner quelque consistance à la tradition locale (1).

  (1) Lettre du 11 août h Chevrières : «Nous désirerions que, de tous
les assiégés, il ne s'en puisse sauver ung....»
   Lettre du même jour à M- Gella : « Nous ne voudrions pas qu'on fît
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