page suivante »
IW MARIAGE SOCS LES TROPIQUES- 251 trouver une compagne douce, bonne, soumise; il s'était persuadé que les manières tout à fait supérieures de ses parents lui auraient inspiré le respect, de même que leur affection aurait conquis sa confiance d'abord et sa ten- dresse ensuite. Il avait espéré, enfin, que cette jeune fille partagerait ses idées d'avenir et travaillerait de con- cert avec lui à les réaliser; et voici qu'au bout de quelques mois d'union,le mirage doré des fiançailles s'était évanoui et qu'il se trouvait en face d'un caractère indomptable, incapable d'aucune concession, et que ses prières, ses caresses, tout ce que le cœur inspire, tout ce que la raison suggère, venait se briser fatalement contre une volonté de sauvage, contre un dédain farouche ou une force d'i- nertie que rien ne pouvait ébranler ! Jamais Herminia n'avait dit un mot de tendresse, jamais une attention. même la plus vulgaire, n'avait trahi un désir de plaire : elle voulait être servie, adorée, adulée sans compensation. E t comme naturellement la douleur qu'en éprouvait R o - dolphe réagissait sur son humeur, il en résultait des pa- roles aigres, des bouderies sans fin, des colères sourdes que le comte et Wilhelmine essayaient en vain d'a- paiser. Rodolphe n'avait pas mieux réussi sous le rapport de l'intérêt, si l'intérêt eût guidé son choix. Le général F l e - ming avait promis solennellement de faire bâtir le moulin en six mois et de donner les fonds nécessaires pour les plantations de coca, dont il avait fait briller les futures merveilles aux yeux du jeune homme. Mais les mois s'ac- cumulaient sans que rien se fît, et le comte ayant cru d e - voir provoquer une explication, le général répondit par une pantalonnade qui serra le cœur de M. de Czernyi et fit pâlir la comtesse. Il n'y avait plus à en douter. M. Fleming avait voulu