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252           UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.

se débarrasser de sa fille, ou plutôt, avait profité de l'oc-
casion pour faire insérer au contrat certaines clauses qui
lui étaient personnellement avantageuses dans ses rap-
ports de fortune avec sa femme, ce qui expliquait la dif-
ficulté que cette dernière avait mise à consentir au ma-
riage et l'empressement tout contraire avec lequel le gé-
néral avait poussé à sa conclusion. Une fois le résultat
obtenu, le vieil Hollandais avait regagné la plus éloignée
d î ses haciendas et, de là, comme d'un retranchement
inaccessible, il envoyait ses lardons sur les simples qui
avaient cru à sa parole. Quand Rodolphe avait essayé de
s'en plaindre auprès d'Herminia, celle-ci lui avait ri au
nez et lui avait répondu qu'il n'avait qu'à vivre à Chi-
rimayo et qu'il ne manquerait de rien.
    Trompé dans les espérances de son cœur, Rodolphe de-
venait chaque jour plus morose et la comtesse frémissait
en pensant au ravag-e qu'elle voyait s'opérer en lui. On
résolut donc de l'arracher à ce milieu où il dépérissait et
de l'envoyer au Tucuman, afin que le grand air, le chan-
gement, les occupations forcées du voyage apportassent,
quelque calme dans cette âme froissée et ramenassent la
vie dans ce corps que la douleur envahissait peu à peu.
    Il partit et Herminia resta seule avec ses parents.
    En voyant son fils s'éloigner, Wilhelmine respira plus
à l'aise. Dans sa foi naïve et ses convictions religieuses
 elle ne pouvait concevoir une séparation durable entre
époux. Elle n'admettait point ces compromis, si fréquents
 dans le monde, par lesquels chacun cherche en dehors
 du foyer conjugal une compensation aux tristesses d'une
intimité sans amour. Sa raison lui disait que les plus
 grands sacrifices devaient se consommer pour maintenir
 la pureté de la voie légitime et que le bonheur vrai ne se
 trouvait point au delà. Cependant, comme sa tendresse