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                UN MARIAGE KOUS LES ÃKOPIQOES.                 249

que, dans un ménage bien réglé, on devait modérer ses
dépenses sur ses revenus ! Nous nous sommes jetés des
paroles dures, mais Rodolphe se monte, se monte, s'enivre
par le bruit de sa voix et ne sait plus où il en est. De
sorte que si ce n'était son affreuse mère, à qui il répète
tout, et son savantasse de père, qui analyse, compare,
dissèque sans cesse, je ferais marcher mon époux à la b a -
guette et     sans qu'il s'en doutât. Il y a dans son clavier
une corde qui répond à la note du paon, et il suffit de l'at-
taquer vigoureusement pour en faire ce qu'on veut.
    « En attendant, Anita mia, je ne t'ai pas encore fait sa-
voir pourquoi ma grossesse me rendait si contente. C'est
que, vois-tu, c'est un prétexte à tout. Depuis que ma
taille promet de s'arrondir, il n'y a plus de leçons, plus
d'entraves, plus de visites. J'ai faim, je mange ; j ' a i som-
meil, je dors ; les gens m'ennuyent, je leur tourne le dos.
I l n ' y a plus de sermons possibles, car j ' a i entendu, l'autre
jour que j'écoutais derrière la porte, une vieille senora
dire à la comtesse :
    « — A h ! ma chère,que voulez-vous! la grossesse change
le caractère ! J'ai vu des exemples étonnants de petites-
femmes, douces comme des agneaux qui devenaient
comme des tigres jusqu'au moment de leurs couches !
    « E t moi, riant sans le laisser paraître, je fais donner au
diable mon mari, mon beau-père et la comtesse ! Je m'a-
muse quelquefois à entrer dans leurs idées ; je les pousse,
je les pousse.... j ' a i l'air d'une vraie convertie. Puis, tout
à coup, quand je vois déjà s'épanouir sur leurs lèvres le
sourire du vainqueur, je lâche une bonne grosse imperti-
nence, une méchanceté qui les mord jusqu'au vif, et je
ferme les yeux comme si je me trouvais mal, mais pas
assez pour perdre le spectacle de leurs mines qui s'allon-
 gent et des éclairs qui brillent dans le regard de la coin-