Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
              UN MAniAC.K SOUS U « THOPIQUKS.           241

trop clairvoyant pour se tromper aux apparences : pen-
dant que vous suiviez le feu follet qu'on faisait voltiger
devant vous, je voyais, moi, l'abîme ouvert sous les pieds
de mon fils, et j'ai été impuissante, malheureuse mère
que je suis, à le retenir au bord du précipice !


                         LE RAPT.


    « Anita ! écrivait Herminia à une de ses amies, reste
fille, ma chère, ou, si ta mauvaise étoile te pousse à te
marier, garde-toi d'un étranger comme d'un fléau ! Tu
ne saurais croire ce que je souffre depuis que je suis ici.
Moi, l'enfant libre, accoutumée à voir la moindre de mes
volontés obéie, prévenue, devinée ! moi qui d'un signe
faisais tout plier, je suis traitée par ces gens du dehors
comme une plante rebelle qu'on ne saurait trop fortement
assujettir! C'est surtout ma belle-mère que j'abhorre
avec ses airs mielleux et cet: e fausse bonté dont je sens
à chaque minute la blessure ! Veux-je manger ? ce n'est
pas l'heure. Ai-je sommeil pendant le jour? on ne doit
dormir que la nuit. Me dispensé-je de recevoir une visite
ou d'en rendre une ? on m'objecte qu'une femme de mon
rang a des devoirs envers la société et qu'elle doit les rem-
plir. Des devoirs ! Anita ! moi des devoirs ! jusqu'à ce jour
 c'est envers moi qu'on les avait eus ! Ma mère, qui me
 paraissait un tyran, me semble aujourd'hui un ange de
 douceur; la vie que je trouvais si décolorée à Chirimayo
 était un paradis en comparaison de la gêne dans laquelle
je me débats. Mais ne crois pas que je leur cède ! La
 sauvage — comme ils m'appellent en ayant l'air de plai-
 santer — leur donnera du fil à retordre ! Je ne serais pas
 malheureuse si j'étais seule, avec Rodolphe. C'est un
                                                 16