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238           UN HA.RIAOG SOUS LES TROPIQUES.

   Ce fut dans ces dispositions que la famille entra à
-Salta. Suivant l'usage du pays, chacun s'empressa de vi-
siter les nouveaux venus, et la civilité habituelle se trou-
vant aiguillonnée par le désir de voir la fille du général
Fleming, il y eut affluence chez M. de Czernyi. Herminia
fut parfaitement maussade, et, sauf quelques exceptions,
sa refusa obstinément à payer aucune politesse. La com-
tesse dut prétexter l'éternelle migraine pour sauver les
apparences et adoucir les désappointements. Rodolphe
était consterné.
   — N'est-il pas étrange, disait-elle un soir au comte,
 que sur tant de personnes que nous avons vues nous
irayons pas reçu une seule félicitation sur ce mariage?
Les Fléming passent pour riches, la belle-mère est au
 mieux avec le gouverneur de Salta; les convenances ne
laissent rien à désirer: vous, Léonard, vous êtes consi-
 déré, aimé même dans cette ville. Comment donc pas une
 main ne s;est-elle tendue pour nous donner une joyeuse
 pression, pas une voix ne nous a-t-elle fait entendre un
 heureux présage ?
    Ah ! mon cœur, mon cœur ! ne te serais-tu donc pas
 trompé !
    Quelques jours plus tard, ce fut bien autre chose. Les
 dames Saltênas étaient venues d'abord en grande toilette
 rendre à la jeune mariée la visite de rigueur ; puis la cu-
 riosité les avait poussées à vérifier ce qu'avait de réel
 cette fameuse migraine dont toute la société s'était occu-
 pée ; enfin elles revenaient voir la comtesse pour elle-
 même et ce fut alors le concert le plus unanime.
    —Ah! querida! faisait une en entrant, quel petit mons-
 tre a donc été prendre votre beau Rodolphe ?
    — Mais, mi senora, ajoutait une autre qui avait trois
 laiderons à marier, la figure n'y fait rien; c'est le carac-