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   UN MARIAGE SOUS L E S                       TROPIQUES

                                  SUITE (*).




    La route n'offrit d'autres incidents que la constatation
 d'incroyables caprices, entremêlés de bouderies, de la part
d'Herminia. La caravane voulait-elle profiter d'un beau
chemin pour accélérer sa marche, elle mettait sa mule
au pas ; désirait-on déjeuner , elle n'avait pas faim ;
passer outre dans un village, elle s'y arrêtait tout court ;
arrivait-on au poste désigné pour la nuit, et voyait-elle
un domestique s'approcher de la comtesse pour l'aider à
descendre de cheval, elle l'appelait impérieusement, lais-
sant sa belle-mère les bras étendus. Si le moindre de ses
désirs était contrarié, elle boudait d'abord, puis une rage
concentrée s'emparait d'elle et se traduisait en crises de
nerfs. Rodolphe, tout étonné, cherchait les yeux de sa
mère comme pour y trouver l'explication de ce phéno-
mène, mais Wilhelmine, sur ses gardes, évitait de répon-
dre même par un regard et se contentait, vis-à-vis du
comte, de hocher silencieusement la tête comme pour
exprimer le découragement de son âme.
    Cependant un observateur attentif aurait trouvé autre
chose que du caprice dans les volontés changeantes de la
jeune femme. Evidemment il y avait dans sa pensée un
plan qu'elle suivait avec une imperturbable ténacité, avec
cette patience du sauvage qui le fait rester des heures,
des jours entiers en embuscade pour surprendre un en-

  (') Voii les précédentes livraisons,