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194 PÛKSTR. C'est le duc de Savoie, c'est le prince d'Orange, Qui montant à l'assaut du castel féodal, Ce manoir des Bressieu, le berceau de notre ange, Du pillage et du meurtre ont donné le signal. Chefs, soldats auraient dû respecter l'innocence, Le noble lis plié sous sa tendre pâleur ! Rien ne les arrêta ! leur barbare insolence Ne put pas se courber devant tant de candeur ! Ces brutaux étrangers n'étaient donc que des lâches Qui foulaient une fleur en haine du pays ! Leur mémoire conserve encor de grandes taches, Et dans nos souvenirs leurs noms seront flétris ! II. Le deuil est au chevet de notre Marguerite ; Tu meurs en Dauphinoise, ô ma charmante enfant ! Va, le ciel est ouvert, plus d'un ange t'invite A t'envoler bientôt dans l'éther triomphant ! Mais sa mère!.. Oh! voyez quelles larmes suprêmes! — Ma fdlc, vis pour moi ! je mourrai de ta mort ! — — Non ! non ! je dois mourir ! O mère, si tu m'aimes, Il faut te résigner à mon malheureux sort ! Non ! ma vie est brisée Ah! j'ai senti l'outrage, Comme un stylet aigu, me transpercer le cœur! Non ! je ne pourrais vivre après un tel orage, Je n'ai plus qu'à mourir pour sauver mon honneur ! Les vassaux, à genoux, pleuraient dans la chambrette ; Les serviteurs, émus, baisaient sa douce main, Puis, ils la contemplaient, en leur douleur muette; L'enfant qui, tant de fois, aplanit leur chemin, Par ses dons généreux et par son frais sourire, Cette enfant adorée allait donc les quitter ! Ils voient ses premiers ans, leur ravissant délire,