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                UN MARIAGK SOUS LES TRO]T(JUE5.             185

 passait dans mon cœur et mépargner le supplice auquel
 vous m'avez condamnée ! De la résignation ! Mais, mon
 Dieu, Léonard ! ajoutait-elle en recommençant à sangloter,
 voyez donc cette Herminia que vous m'avez forcée d'ap-
peler ma fille !.... — ma fille ! répétait elle en suivant cette
nouvelle idée, — le nom le plus saint au cœur, le plus
doux à la bouche, cet amour dans un amour, cette affec-
tion doublée, destinée à se reproduire par autant d'amours
renaissants! Oh! oui, j'avais rêvé une femme pour Ro-
dolphe, une fille pour nous, c'est-à-dire un sourire de
plus à notre foyer, une tendresse greffée sur une tendresse!
Mais voyez donc cette Herminia ! Je ne parle pas de sa
laideur... peu m'importe, puisqu'eFe n'a pas rebuté Ro-
dolphe. Mais depuis qu'elle est sa femme, avez vous sur-
pris un regard d'amitié, d'intérêt seulement, pour son
mari? Elle est nouvelle épousée; à l'heure où les jeunes
filles sont disposées à tout essayer pour conquérir 1B cœur
de celui dont elles portent le nom, a-t-elle pour Rodolphe
les attentions les plus vulgaires ? Oh ! mon Dieu, mon
Dieu ! disait-elle en se laissant aller sur ses deux genoux,
vous l'avez voulu, puisque cet horrible sacrifice s'est ac-
compli ! mais je sens bien que j'en mourrai !
   Puis se relevant :
   — Léonard, murmurait-elle, ne crois pas qu'il y ait
dans mon âme le moindre sentiment haineux contre cette
jeune fille. La haine, tu le sais, n'a pas de prise sur moi.
Mais une voix intime m'a avertie dès le premier jour; un
cri de mon cœur, persistant, inexorable, s'est élevé contre
tous les raisonnements de vos sagesses, toutes les certi-
tudes de vos calculs. Sois tranquille : ces larmes que je
verse, Rodolphe ne les verra pas. Elles sont pour moi
seule, et pour toi, puisque tu en as surpris le douloureux
secret. Et puis, te l'avouerai-je, ajoutait-elle en baissant