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158 AUTOUR DK IAOK. règne fugitif, trop fugitif de cette jeunesse de l'année, pour m'ex- primer comme la noble Isaure, nous allons, chacun de notre côté, parcourir les vallées de la Saône et du Rhône : vous, dans l'intérêt de votre herbier; nous, en notre qualité d'antiquaires. Excellent latiniste, mon ami sait en outre passablement le grec. Votre serviteur s'occupe d'études celtiques et n'a pas oublié com- plètement le peu qu'il a su d'histoire naturelle. Quant à vous, depuis quatre saisons, vous êtes devenu maître où celui qui vous parle ne fut jamais qu'un simple écolier. Si nous mettions en commun vos pas et nos pas, votre science et nos légers savoirs ! Cette caravane à trois, certes, nous serait plus profitable que des excursions séparées. Dès que, par exemple, vous aviseriez un végétal que les traditions circonvoisines, son nom vulgaire, certaines apparences ou d'autres indices rapprocheraient d'es- pèces de la fable ou de l'histoire, nous l'étudierions de concert, sous tous les aspects, à tous les points de vue ; peut-être, alors, parviendrions-nous à lui rendre sa synonymie réelle. Ainsi pour- raient défiler sous nos yeux le samole et le sélage dçs Divitiac, le dictamne et l'amôme de Virgile et d'Homère, et cette puissante herbe moly qui mit fin aux charmes de Circé, la rusée Ligurienne. — Dès lors, plus d'arcane autour de mon samolus ! — N'allons pas si vite ! nous devrons nous estimer trop heu- reux si, par la vertu de notre association, nous parvenons à re- tirer du cataclysme qui les submerge quelques débris oblitérés de notre Gaule bien-aimée. — N'importe ! va pour la caravane ! En disant ces mots, le bon enfant nous donna son adresse. Nous fixâmes ensuite, d'un commun accord, notre premier dé- meneaient à sentir l'heureuse influence du printemps et préludaient à leurs chansons, interrompues depuis longtemps Divers insectes, sous l'in- fluence de la tiède haleine des vents printaniers, rejeltaient, pour paraître au jour, les bandelettes ou les yoiles dont ils élaient enveloppés à l'état de momie. Les hylecœtes sortaient des arbres dans lesquels s'était caché leur jeune âge, afin de profiter des moments heureux qui leur restaient h passer sur la terre..., » (E. Mulsant, Souven. du Mont-Pilat. I, 9 1 ; .