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r-oÉsn:. 1 Cependant du cachot roule la lourde porte ; Un étranger paraît, qu'un vieux geôlier escorte, Ce visiteur c'était un noble dauphinois, Un poète, un savant interprète des lois. Il a quitté Grenoble ; — il arrive à Ferrare, Pour voir — pour consoler l'homme au talcnt'si rare Que d'Esté dans ses fers opprime dès longtemps 5 Qui sur ses jours a vu sévir cruels autans. Expilly — c'est le nom du légiste poète, — S'approche avec respect de cette noble tête Que saisit la démence en sa triste fureur ; Il s'incline aussi bas que pour un empereur. Selon lui, le génie adroit à tout hommage, Surtout quand le malheur s'attaque à son courage. Expilly, bien que jeune, a le front sérieux, Il n'est point venu là , — visiteur curieux, — Repaître ses regards d'un étrange spectacle ; Mais bien pour essayer si, — par quelque miracle, — De son poète aimé, qu'enferme une prison, II ne se pourrait point rappeler la raison. C'est pourquoi, bannissant tout discours inutile, Il ouvre un parchemin, et sa voix juvénile, De la Jérusalem dit les merveilleux chants. Il récite ces vers et nobles et touchants Qui trouvèrent soudain si belle renommée, Parvenue en tous lieux et parmi nous semée. Le Tasse à ces beaux sons semble se réveiller, Sa main cherche son front comme pour le fouiller... Il se souvient enfin ; — et de son fier génie, Un rayon vient jaillir dans sa nuit infinie : « Oui, je suis bien Le Tasse ! — Oui, je suis bien l'auteur « De ces vers qui résonnent aux lèvres d'un lecteur,