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CHRONIQUE LOCALE La paix est signée ! paix douloureuse, paix désolante, mais signée. Quand l'orage ou l'ennemi disperse dans les sillons les petils de la per- diix, une grande angoisse saisit la pauvre mère. Puis, le danger passé, elle les rappelle autour d'elle, lieureuse de les sentir sous son aile, heureuse sort lit. s'il n'en manque point à l'appel. La France va rappeler ses enfants emmenés prisomiieis au loin, mais son cœur saignera en voyant leurs rangs si éclairris. La Revue du Lyonnais aussi a vu dispeiser sa famille. Collaborateurs et abonnés ont lui dans le midi, ou au fond des Alpes, en .Bretagne, en Suisse ou en Italie ; les épreuves parties ne. revenaient plus ; les lettres, les manuscrits s'égaraient, la poste avait bien d'autres soucis que de s'oc- cuper de nous, et l'on se demandait qui donc retaillait nos livraisons? Voici les chemins r'ouverts, janvier et février paraissent à ta fois, mais la lit-vue ne ieirouvera pas, celte année, nombre d'amis qui la proté- geaient, nombie de protecteurs qu'elle aimait. L'exil en a retenu quelques Uns, la guerre en a frappé plusieurs, et d'ailleurs, il faut en convenir, les espi ts seront lenis à revenir aux calmes préoccupations de ia littérature, de l'archéologie et de l'histoiie. Mais la Revue, comme la France, si on peut comparer les petites choses aux grandes, ne doute pas, pour cela, de l'avenir. Elle attendra tous les retouis et, consolée par les amis groupés autour d'elle, confiante dans la sympathie publique, forte de son organisation et sûre d'être utile, la voici qui reprend sa course à travers les dates et les faits, les chroniques el les événements, la poésie et l'histoire, embarrassée seulement de savoir com- ment ede classera ce qu'elle a appris et si même elle doit classer tout ce qu'elle sait. Que de choses, en effet, à plonger dans le plus profond oubli, si l'his- toire pouvait oublier! Que de misères—Utopies, reverbset folies, ambition, sottise et avidité, oigueil, incurie et incapacité . l'ont emporte' sur toute la ligne. Que de trafics honteux ! de spéculations sans consciente! de marchés criminels ? Que de rapines qui engloutissaient l'or des impôts cl la vie des soldats? Quelle insubordination dans tous 1rs rangs de la smiélc, dans les ale- liers comme dans l'aimée, dans les administrations comme dans ces trou- pes de parade dont les soUb.ts insolents disaient à leurs oifieiers : « Capitaine, donne-moi du teu. » En ce moment, l'esprit public se réveille, la moralité reprend son rang. on chuchote des révélations et l'indignation gronde non-seulement par tou- tes les voix de la conscience, mris par toutes ci Iles de la parole, du jour- nalisme et de la presse. . Aujourd'hui les com tes commencent à s'établir et à se diesser aceusa- teuis ; peut-être un jour laudra-t-il qu'il se payent. Déjà un récent jugement de la police correctionnelle a levé un coin du voile et montré un agent du pouvoir se livrant à une ignoble exploitation et des pots de vin tombés on ne sait où. A côté de ces homes el de ces dérisions on ne saurait trop admirer ces dames, ces jeunes fLIes qui. jour et nuit, n'ont pa-quilté nos gares, prodi- guant la nourrinire, le- médicaments et les soin-aux blessas, les pansant, les consolant , les encourageant et iijon'ranl à quel le hauteur d'abnégation et de dévouement on peut ''élever uar la pensée de la vertu et du devoir. On a eilé des noms, exalté d:s sacrifices pousses jusqu'à l'immolation; naguère, le cercue.l d'une jeune per-oune, d'une martyre, traversait la ville au milieu de lu consternation de tous. Ce sont des sommes à notre avoir dan s