Revue du Lyonnais » série 3 - n°11 ( 1871 ) » pp.087

              UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.            87

gnards, honteux, se dissimulèrent soigneusement dans la
ceinture.
   — Mes amis ! s'écrie D, Gaetano en jetant autour de
lui un regard imposant, je vous ai réunis pour une dis-
cussion importante. L'étranger a fait irruption dans notre
paisible cité et va nous ravir la perle de Chirimayo. Dona
Herminia se marie dans une heure !
   Un éclat de rire homérique éclata dans la salle.
   — Je n'ai pas voulu, continua D. Gaetano, qu'un sem-
blable malheur vînt attrister le bal de ce soir sans vous
avoir auparavant consultés. Tous ici nous sommes jeunes;
tous, nous sommes fils du pays; tous, nous pouvons pré-
tendre à la belle des belles !...
   Nouvelle explosion d'hilarité enthousiaste.
   — Tous nous avons le droit de mettre obstacle au rapt
qui se prépare, et D. Pedro sera certainement le premier à
s'y opposer.
   — D. Pedro ! D. Pedro ! s'écrièrent toutes les voix ; la
parole à D. Pedro !
   — Très-bien ! répliqua D. Gaetano; mais auparavant,
Muchachor ! faites circuler ces bouteilles ! Messieurs, une
coupe à D. Pedro !
   On but, et D. Pedro fit quelques pas en avant. C'était
un petit jeune homme de vingt à vingt deux ans, au teint
brun, au sourire mélancolique.
   — J'aurais certes le droit que me prête D. Gaetano,
dit-il avec ironie, car il n'y a pas huit jours que Dona
Herminia m'a fait des serments sur lesquels, heureuse-
ment, je n'ai pas compté. J'ai de sa main une longue
pièce de vers sur la fidélité, dont vous voyez qu'elle fait
peu usage, et une série de lettres passionnées que j'en-
verrai à mon successeur.
   — A ton successeur ? Et pourquoi " Pedro ! S'écria un
                                         ?