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UN MARIAGK SOUS I.KS TROPIQUES. 7i) mille ; s'il était puissant et que son influence pût être exploitée, je comprendrais que le général nous tendît le piège et que nous dussions nous tenir en g-arde. Mais notre enfant n'est ni riche ni puissant. Quelles que soient ses espérances de fortune il n'a aujourd'hui que sa jolie figure, son éducation européenne et son désir du travail, avan- tagées tout moraux qui peuvent peser sur la décision du général, mais qui rendent plus indispensable encore ses sollicitudes pour le moment où nous quitterons l'Améri- que. En deux mots, M. Fleming est matériellement inté- ressé à créer une existence indépendante à son gendre, puisque c'est lui qui, dès le premier jour, doit lui fournir les moyens d'exercer son intelligence, et son activité. L'âge a calmé chez le général les velléités ambitieuses et toute son aspiration est de mourir tranquillement comme il a vécu jusqu'à ce jour ; mais il comprend que la vie bouillonne au sein de cette jeunesse et son expérience se charge de diriger cette ardeur vers un but utile. J'ai beau creuser, retourner ma pensée en tous sens, l'armer de dé- fiance, je ne puis m'empêcher de trouver dans ces positions réciproques une garantie palpable pour l'avenir de Ro- dolphe. Cet enfant est aimant, d'un caractère franc et ouvert. Il plaira à Mme Fleming, qui n'a jamais eu à se louer de son intérieur, et l'affection du général sera pour lui un gage de cette félicité paisible à laquelle se bornent ses désirs. Tu le vois, Wilhelmine, ce mariage qui nous faisait peur à distance semble revêtir des formes moins redoutables à mesure qu'il s'approche, et peut-être y a-t-il une prédestination providentielle dans cet éloignement de l'Europe à un âge où tout est séduction et dang-ers au milieu de notre civilisation si pleine d'embûches. — Léonard, murmura Wilhelmine, vous raisonnez avec votre cerveau et moi avec mon cœur ! Que la volonté de