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78            UN MARIAGE SOUS LES TROPIQUES.

vivre commodément jusqu'au jour où l'exploitation de la
coca les fera les plus riches du pays.
   M. de Czernyi était confiant et n'avait aucune raison de
douter de la parole du général. L'importance de la coca,
cdt aliment nécessaire à l'Indien, lui était parfaitement
connue, et si l'engagement verbal, formellement pris par
M. Fleming, de bâtir le moulin, lui paraissait suffisant
pour assurer les premiers besoins du jeune ménage, il ne
pouvait se défendre d'un certain vertige en songeant aux
quatre cent mille livres de rente que son Rodolphe pour-
rait avoir dans un avenir peu éloigné.
   — Je conviens, dit-il, le soir en rendant compte de sa
conversation à Wilhelmine, que cette Herminia est bien
laide et que notre fils est bien jeune ; mais toi qui as si
bien su pressentir les désirs d'indépendance qui couvent
dans sa pensée, ne crois-tu pas qu'il a vraiment deviné le
moyen de, les réaliser? J'admets que le général exagère,
que jamais la coca ne puisse rendre les quatre vingt mille
piastres dont il parle, ne serait-ce pas déjà magnifique
lors même qu'on en déduirait les trois quarts?
   — Léonard ! répondit la comtesse, en hochant la tête,
vous ne connaissez rien à cette coca et le chiffre seul vous
a ébloui. Je suis trop ignorante pour aventurer des objec-
tions. Mais, voyez-vous, j'ai là, dans le cœur une voix qui
me crie, malheur! et je ne puis me soustraire à l'effroi
qu'elle me cause. Qui vous dit que M. Fleming ne vous
trompe pas I
   — Ma foi, ma chère, je ne puis pas plus vous donner
de preuves mathématiques de sa sincérité que vous ne le
pourriez d'un guet-apens contre nous. Je cherche seule-
ment quel intérêt le pousserait à mentir alors qu'il ac-
corde sa fille à notre demande. Si Rodolphe était riche
et que cette union dût apporter l'aisance à sa nouvelle fa-