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l'N MARIAGE SOUS LES TUOMQliES. 7i notre union, l'image vivante de nous-mêmes, un symbole de notre affection mutuelle, la tête chérie où nos cœurs se réunissent dans une même prière pour son bonheur ! Je sens que je ne puis pas plus vivre sans lui que sans toi, que me séparer de l'un ou de l'autre est me donner un coup mortel, que mon bonheur se compose de vos deux existences et que la mienne en dépend; aussi les larmes m'étouffent et tout mon être s'abîme dans une angoisse sans nom en pensant que ce lien va peut-être retenir Ro- dolphe en Amérique, loin de nous, qui seront forcés de regagner notre patrie; qu'il se formera une autre famille, d'autres attaches; que les intérêts matériels, l'avenir de ses enfants le riveront au sol et que, malgré son désir d'aujourd'hui, sa volonté bien arrêtée de nous rejoindre, des obstacles que nous ne pouvons prévoir, mais qui ne manquent jamais dans la vie, se dresseront entre nous et lui, et que nous deux, mon ami, vieux et abandonnés, nous finirons nos jours dans l'isolement, loin du fils qui aura gardé notre âme, inquiets de son sort, de sa vie, et n'ayant pour nous fermer les yeux qu'une main merce- naire dont l'indifférence augmentera nos regrets ! Et cédant à la douleur qu'elle ne pouvait plus maîtriser, Wilhelmine éclata en sanglots déchirans. — Je lui ai dit, ajouta-t-elle quand elle fut un peu calmée, je lui ai fait entrevoir les craintes qui assiégeaient mon cœur. Mais la jeunesse, adorable d'illusions, ne croit aux réalités que lorsque leur jour est venu. Rodolphe m'a comblée de caresses, m'a assuré que son but, son désir, étaient de se créer un sort honorable en Amérique par un travail assidu et de nous revenir ensuite avec sa femme et ses enfants. Il est entré h cet égard dans un détail de calculs qui peuvent être vrais et qui dans 5 ou 6 ans lui créeraient une existence suffisante. Il veut se livrer à l'é-