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M8 KTUDfc SUK LE PATOIS LYONNAIS.
Voilà du gascon dans toute sa crudité native. Mais si cette
poésie, quelque peu abrupte, rappelle peu par son harmo-
nie la langue usitée au Parnasse, combien nous allons la
voir gagner en ampleur, en grâce et en mignardise, à me-
sure qu'elle descendra de ses rudes monts des Cévennes,
pour s'étendre dans la plaine, sous le ciel si pur et si doux
de la Provence ! On dirait qu'elle s'imprègne alors de la
senteur des prés en fleurs, et qu'elle reflète sous ses grands
bois de micocouliers le roucoulement de la colombe. Tel
est l'effet qu'elle m'a produit, et la sensation que j'ai éprou-
vée à la lecture de Mireio , adorable pastiche de ses
aînés, Daphnis et Chloé, Paul et Virginie , Hermann
et Dorothée , œuvres émanées elles-mêmes de l'œuvre
du divin Aveugle, dans ce vieux poème éternellement jeu-
ne de Y Odyssée , où se déroule l'épopée humaine dans ses
actes les plus simples et les plus élevés. Là est le secret de
l'intérêt et de la vitalité du roman de la vie intime, lequel,
s'adressant à tous, sera éternellement de tous les temps et
de tous les âges. Les us et coutumes des peuples, ceux de
la Provence en particulier, derniers vestiges de son auto-
nomie, pourront disparaître sous le niveau égalitaire de la
centralisation, qui absorbe à elle toutes les individualités
dispersées, que Mireio, comme l'Odyssée, comme les pasto-
rales de Longus, de Gesner, de Bernardin de Saint-Pierre
et de Goethe (1), surnagera sur le flot d'une civilisation
(1) N'en déplaise à la studieuse et prétentieuse Allemagne, les œuvres,
destinées à perpétuer son nom dans les âges futurs ne seront peut-être
point celles dont elle est le plus lière, ses théories abstraites et quelque peu
nébuleuses sur la philosophie ou la morale. Les oeuvres qui ne s'adressent
qu'à l'esprit préoccupent un petit nombre de lecteurs et risquent de périr
dans le cataclysme des révolutions. Il n'en est pas de mémo de celles qui
s'adressent au cœur: intéressant l'universalité du genre humain , elles se
trouvent dans toutes les mains; elles sont de tous les temps et de tous les
lieux, et, à ce titre, sont vraiment immortelles. Voilà pourquoi les simples
idylles de Cessnw. les poèmes intimes de liiTilcr, et la pastorale semi-