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420              LES DEUX PLATS D'ÉPINARDS.
   fous deux me témoignèrent la plus sincère gratitude, et
comme le mari regardait beaucoup les peintures suspendues
dans mon cabinet, je lui demandai si lui-môme peignait.
   — Ah ! Monsieur, si mon père n'eût contrarié mon pen-
chant pour cet art, je crois que j'y aurais réussi ; mais j'ai dû
vendre de la toile au lieu de la peindre
   Après une longue conversation où cet heureux couple me
mit au courant de sa situation du moment et de ses projets
pour l'avenir, il me quitta, non sans réitérer et redoubler
l'explosion de sa reconnaissance.
   Mais à quelques jours de là je le vis revenir: l'époux por-
tait sous son bras un volumineux paquet qu'il défit avec une
fiévreuse activité et duquel il sortit triomphalement les deux
tableaux ici suspendus; ils témoignent mieux de son bon
cœur que de son talent ; cependant il me prolesta qu'il n'avait
jamais pris une seule leçon de dessin, et peut-être fut-il scan-
dalisé de ma prompte facilité à le croire.Ils représentent, l'un,
la maison où Louise fut mise en pension, et l'autre, la de-
meure où j'avais placé Marie. C'est sans doute de la peinture
d'ex-voto, mais je vous assure, mon jeune ami, que cette
gratitude encadrée vaut pour moi un Paul Poller ou un
Fouwermanns.
   El maintenant que vous avez religieusement écouté mon
long récit sans m'interrompre, voyez si vous ne pourriez pas
y découvrir le germe d'une nouvelle intéressante?
   Paul Rives remercia M. Verbois.
   — Mais, lui dil-il, je ne vois pas Irop le dénouement à
donnera la nouvelle que je pourrais extraire de votre récit?
   •—Quant à moi, répondit le vieux auteur, j'en tire, mon
jeune ami, celle conclusion morale que:
   De tous les sentiers par lesquels un vieillard remonte dans
son passé, les plus riants sont, sans contredit, les souvenirs de
ses bonnes Å“uvres.
                                      J,   PETIT-SKNN.