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                      CHRONIQUE LOCALE.
    H n'est pas de ville pius charitable que Lyon; pas de bourse plus sou-
vent et plus volontiers déliée que Ja nôtre. Avez-vous besoin d'argent ? ne
vous gênez pas ; voulez-vous créer une bonne œuvre, secourir une infor-
tune, combien faut-il? c'est l'âge d'or, les flots d'écus sonnants vont cou-
ler, tendez les mains, ouvrez vos poches, nous allons vous les remplir.
    Mais en échange, n'aurons-nous rien? cela ne serait pas juste. Voyons,
la danse est un peu passée de mode ; on ne saute plus, même pour les
Grecs ni pour les Polonais ; un concert vous irait-il ? vite un concert.
    On chante pour les jeunes Economes, les jeunes Incurables, les jeunes
Aveugles, les jeunes Libérés, les Sourds-Muets, les Enfants pauvres, les
Fourneaux économiques, l'OEuvre de Saint-Vincent-de-Paul. M. un tel,
M mc trois étoiles, partout empressement des artistes, partout la foule,
partout le succès; on s'est amusé, on a été généreux, et de sympathiques
infortunes ont été soulagées, tout le monde est satisfait.
    Le plus brillant de ces concerts, celui dont le produit a été le pins co-
lossal est sans contredit celui donné par la musique des Guides avec l'élite
de nos artistes; au Palais-de-1'Àlcazar, le samedi 17 mars, sous l'impulsion
de M. le maire du deuxième arrondissement et au profit de l'OEuvre de
Saint-Léonard.
   Société choisie, toilettes élégantes, décors de 'bon goût, musique déli-
cieuse, billets de banque abondants, bravos frénétiques, couronne d'or,
bouquets, tout s'est réuni pour en faire une fête hors ligne ; aussi le lende-
main a-t-il fallu recommencer et, cette fois encore la vaste salle s'est trou-
vée trop étroite et les derniers venus ont compté les clous de la porte en
saisissant au vol quelques notes échappées aux clarinettes ou aux petites
flûtes guidées avec tant de charme par M. Cressonnois.
   A ce sujet, il n'est pas hors de propos de rire un peu du journal l'Evê-
nenisnt, qui raconte, le 26 mars, une histoire fantastique d'un prêtre dont
il ne sait pas le nom, mais qui après avoir lu les Misérables, ému des dou-
leurs et de la dégradation des héros de Victor Hugo s'est bien vite empressé
de créer dans la plus riante position des bords de la Saône l'asile de
Saint-Léonard pour recueillir les criminels repentants et a consacré à cette
belle œuvre les sommes produites par le concert de l'Aleazar. Et voilà
comment on écrit l'histoire. Nous dirons à l'Evénement, avec toute la po-
litesse possible, qu'il est dans l'erreur et que Jean Valjean n'a rien à voir
dans cette affaire.
   Autre quiproquo.
   Le Journal illustré annonçait dernièrement que le corps du jeune prince
Otldone, qui vient de mourir, avait été transporté à l'abbaye de Haute-
combe, lieu de sépulture des princes de la Maison'de Savoie.
   Pourquoi à Hautecombc plutôt qu'à Brou ? Brou n'a-t-il pas aussi les
tombes de la maison de Savoie, comme Pont-d'Ain a leur berceau? Brou
n'est-il pas en Savoie comme Hautecombe ? Il est; vrai que ces pays sont
si loin de Pantin et de Vangirard qu'il est difficile de savoir ce qui s'y
passe et qu'on peut facilement confondre entre eux des villages dont ja-
mais personne n'a entendu parler,
    Ceci est donc pardonnable à un certain point, c'est convenu, plus par-
donnable que la distraction du Petit Journal qui naguère félicitait Lyon
d'avoir reçu du Japon des graines de vers à soie, ce qui lui permettrait de
faire des cachemires sans rivaux.
    Et penser que ce sont les lumières de la France qui nous éclairent ainsi !
   Revenons au sérieux.
   La Société des amis des arts a cîos son exposition. Elle a, cette année,
acheté Cl œuvres d'art qui lui ont coûté 29,645 fr. Les amateurs ont
acquis 54 ouvrages pour 30,145 fr. On suppose que les achats qui se fe-
ront encore et ceux faits parla ville pourront s'élever à 8 à 10,000 fr., ce