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                     CHRONIQUE LOCALE.

    Nous avons fait lever un joli lièvre. La Revue du Lyonnais, en
enfant terrible, avait confié à l'oreille du public que sa mère, sa bonne
mère la ville de Lyon n'avait point d'armoiries ; Fanfan Benoîton ra-
contant que sa sœur a une fausse dent ou une fausse natte n'aurait
pas produit un plus bel effet. Tous les journaux se sont emparés de la
nouvelle, et aujourd'hui il est avéré que la seconde cité de l'Empire,
la capitale du Midi, la ville libre des Gaulois, malgré ses quatre ou
cinq mille ans d'antiquité, ses deux fleuves dont un coulait déjà il y
a plus de douze millions d'années et l'autre depuis un peu moins long-
temps, que Lyon, malgré, enfin, sa grandeur,'sa puissance, son hé-
roïsme et sa beauté, Lyon.... comment l'avouer, Lyon, eh bien oui!
Lyon, moins bien favorisé que Carpentras, Privas ou Valence, n'a
rien à mettre sur son bouclier ou son drapeau.
   C'était un secret à garder pour soi et le voilà répandu aux quatre coins
de l'univers. Qu'en arrivera-t-il, bon Dieu ! Si on n'en a pas qu'on en
fasse ! dira M. Prud'homme ; et qu'on les fasse belles. Cela nous rap-
pelle le mot charmant d'un écrivain bressan. — Nous ne comprenons
pas pourquoi les sires de Gorrevod avaient des armoiries si simples
(il voulait dire si pauvres), tandis que la ville de Pont-de-Vaux en
avait de si riches (c'est-à-dire de si chargées). Comment donc les sires
de Gorrevod ne prenaient-ils pas les armes de Pont-de-Vaux?— Sans
doute de par la loi du plus fort. Mais le mot : la propriété c'est le vol
n'avait pas encore été inventé et un écusson était, nous dirons même
est encore une propriété, propriété sacrée, décoration d'honneur qui
rappelle en quelques signes tout un glorieux passé, toute une histoire,
et qu'on n'escamote pas à son voisin pas plus qu'on ne s'en fabrique
à soi-même.
   Il n'était pas mal naïf non plus l'architecte qui, sur la partie nord_
du pont Tilsitt, a fait graver, il y a deux ans à peine, un écusson de
fantaisie destiné, dans sa pensée, à rappeler ou à représenter les armes
de notre ville. Au lieu du fond de gueules admis depuis Plancus et
même avant, le dessinateur a jugé à propos de tracer un fond d'azur
du plus magistral effet. N'est-ce pas joli ? Les armes de la seconde ville
de l'Empire changées de fond en comble de par la volonté d'un artiste,
motu proprio ; non de par une loi, chose grave, mais de par la toute-
puissance d'un praticien? Et en voilà pour longtemps de ce malheu-
reux écusson, si bien vu par toutes les Mouches qui passent. Qui osera
le gratter ? Nous recommandons cette variante à M. Bonnet, avec
prière de ne pas la copier.
   — La question de deux nouvelles Facultés dans notre ville a natu-
rellement agité les esprits. Pendant que Lyon agissait pour, Grenoble
et Montpellier agissaient contre. Nos pétitions couvertes de signatures
se heurtent à des pétitions ennemies ; les influences se mesurent et se^
menacent. Nous attendons avec confiance et bon espoir.
   — Le vœu de M. Debombourg :
                    Mon Dieu, qui nous délivrera
                    Et d'Alise et d'Alésia !
n'a pas été exaucé. La question d'Alise revient plus brûlante. Déjà
l'Opinion nationale du 27 mars 1865 avait donné un article de M. Alexis
Bonneau sur Alésia en Savoie. Voici que, dans un de ses derniers nu-
méros, le Monde illustré offre des vues des dernières découvertes.
Ce champ de bataille célèbre, après avoir été en Bourgogne, en Fran-
che-Comté et en Bugey, se trouve aujourd'hui sur les bords du Rhône,
et les fouilles faites d'après les études de M. Fivel offrent un si haut
intérêt que l'Empereur a fait arrêter, dit-on, l'impression du second
volume de sa Vie de. César pour faire examiner la question à ce nou-
veau point de vue. Deux savants ont été envoyés pour étudier Alise