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                   SAINT MAURICE
                                    ET




       LA LÉGION THÉBÉENNE



     C'était le soir, au pays du Véragres, en l'an 286 de notre
  ère. Le soleil allait disparaître derrière les cimes neigeuses
  qui dominent et entourent Octodurum (1). Ses rayons
  éblouissants irrisaient de mille couleurs le cône gigantesque
 de la Dent du Midi. Les foins alpestres se fauchaient alors
  sur le flanc des monts, et leurs délicieuses exhalaisons im-
  prégnaient l'atmosphère d'un humide parfum ; on entendait
. bruire dans la vallée la clochette d'airain des génisses et
  l'ample mugissement des taureaux, tandis que sur le faîte
  des toits aigus tournoyait en spirales la fumée de Fâtre pas-
  toral.
     On voyait ça et Ta, par les sentiers qui conduisaient à la
  ville, passer des troupes de paysans, les uns conduisant de
  grands chars de foins, les autres porteurs de faulx aux re-
 flets bronzés, d'autres encore le dos chargé de grandes
 jarres en bois de hêtre, pleines d'un lait écumeux.
     Les hommes, durs athlètes, et vrais géants des monta-

    (1) Aujourd'hui Martigny, en Valais, alors capitale des Véragres, peu-
 plade helvétique.