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HOMÈRE, Î37 soumission et le respect envers la divinité, ces passages d'un ton si différent où les dieux deviennent plaisants et même ridicules, où la gravité de l'ëpopée semble dégénérer, précisément a l'égard, des habitants de l'Olympe, en ironie et en satire. Je ne parle pas seulement de l'étrange récit de Démodoeus dans, l'Odyssée où Mars etVénus sont traités aussi peu respectueusement que quelques uns de nos saints dans les fabliaux du moyen-âge. Dans l'Iliade même, nous voyons dès le premier chant le boiteux Vulcain qui se trémousse à travers l'assemblée des dieux, soulevant leurs éclats de rire par sa mauvaise grâce. À plusieurs reprises, Jupiter et Junon se querellent comme des époux bourgeois, au point que l'auteur d'un livre récent sur Homère les compare a Chry- sale et à Philaminte. Enfin dans ce combat des dieux qui a mis a la torture tant de commentateurs, le poète nous montre Junon arrachant a Diane son carquois, et lui en donnant des coups sur les oreilles. En dépit des efforts mal- heureux où s'épuisent les traducteurs pour rendre tout ce- la en style noble, ne voit-on pas, dans ces exemples, une vé- ritable comédie dont les dieux sont les acteurs, je dirais presque les victimes ? Que faut-il penser de ces étranges peintures? Devons-nous n'y voir qu'un caprice du poète , ou bien y chercher, comme les philosophes anciens, de profondes et mystérieuses doctrines cachées sous le voile' d'allégories bizarres? N'y a-t-il pas là plutôt un souvenir de traditions antérieures mal comprises et défigurées? À la suite des hommes illustres qui de nos jours ont fait de la mylho-. logie une science,MM. Creuzer, Guigniaut, Welcker, Preller, Alfred Maury, il est curieux de rechercher sous ces récits les mythes antiques dont ils sont l'infidèle traduction ; de faire l'histoire des divinités grecques ; de voir à quelle race particulière chacune d'elles appartient, et comment ces dif- férents cultes, après des luttes dont les dissensions et les