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                    LA BELLE EEGAILLETTE.                    57

le jeune roi, le président. Or, Mazarin, comme vous savez ,
continuait l'œuvre de Richelieu : « centraliser pour régner, »
et à vrai dire, le jeune roi se sentait du goût pour cette for-
mule en action. L'un et l'autre avaient trouvé l'occasion
bonne de réprimer ces velléités d'indépendance municipale et
tout à la fois de punir Marseille d'avoir embrassé le parti de
Condé, dans !a Fronde.
    Louis XIV partit donc, à la tôle d'une petite armée impro-
 visée, pour se rendre à Marseille.
    Mazarin l'accompagnait.
    Arrivé à Marseille sans coup férir , le roi trouva les por-
tes de sa bonne ville ouvertes, les Marseillais maugréant,
mais soumis. Ce que voyant son ministre, en courtisan ma-
tois, fit pratiquer une brèche aux remparts, près de la Porte-
Royale, moins encore pour ménager à son maître une entrée
théâtrale , que pour imprimer au nouveau règne le sceau
d'une forte réaction contre les troubles de la minorité du
jeune roi. La pièce était très-bien montée; son auteur, Maza-
rin avait, dans le jeune roi, un premier rôle merveilleuse-
ment taillé pour son emploi. < Moi aussi, mes chers Mar-
                                   <
seillais , dit-il, je veux avoir au milieu de vous ma Bastide. »
Et il fit construire le fort Saint-Nicolas, à l'entrée du port ,
commandant tout-à-la fois la mer et la ville. On ne prévoit
pas tout: Louis XIV ne se doutait guère qu'un jour sa Bas-
tide serait expropriée pour cause d'utilité publique. C'est ce
qui est arrivé pour les nouveaux embellissements de Mar-
seille.
    Louis XIV, alors âgé de vingt-deux ans, s'était donc mon-
tré au peuple marseillais, entouré de tous les prestiges de la
jeunesse, de la teauté et de la puissance, précédé aussi
d'une réputation de galanterie, déjà pas mal entreprenante.
Pouvait-il en être autrement ?
   A dix ans, Louis excellait dans les arts d'agréments qui de-