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6 INTRODUCTION. simple poète choisi par Allah lui-même pour con- duire le triomphateur à la Fontaine de l'immor- talité. En voyant l'humble vêtement du poète, cette taille mince, ce corps frêle, et ce bras inhabile à porter les armes, le conquérant le méprisa et, dans son orgueil, jura qu'il saurait bien trouver seul la source dont les eaux devaient rendre son nom immortel. Il continua sa route, avec ses capitaines, ravagea l'Arabie, les Indes, la Chine, la Perse, dévasta la moitié du monde, mais il ne trouva point la fon- taine, et il mourut dans l'oubli. Quelques années plus tard, un petit roi de Macé- doine, suivi d'une poignée de guerriers, se présenta au poète, le combla d'honneurs, le prit pour guide, et non-seulement le poète le conduisit à la fon- taine , mais, dans sa reconnaissance, il lui donna toute la gloire qui aurait dû revenir au premier Iskander, dont le second ne faisait que suivre de loin les traces. La mission que les poètes remplissaient auprès des peuples primitifs, les historiens l'accomplissent auprès des nations civilisées. Pendant que des esprits généreux et hardis gui- dent l'humanité à travers les âges, adoucissent la rudesse des mœurs, inventent les beaux-arts, dé- couvrent la poudre, la boussole, la vapeur, l'élec- tricité, suppriment la douleur, et apprennent aux