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CHRONIQUE LOCALE. Le vent chasse les feuilles, les villas se ferment et les salons de la ville se rouvrent avec force grosses bûches dans la cheminée; non que le froid soit rigoureux, mais les pauvres citadins ont besoin d'un grand confort pour s'acclimater au milieu de nos rues qu'ils avaient quittées roulant des nuages de poussière et qu'ils re- trouvent à l'état de ruisseau. Que faire ? les enfants s'ennuyent et Hamilton est parti ! le Cer- cle musical a fermé, pour quelques jours, son petit salon coquet; plus d'enchantements, partant plus de joie ! Le Sorcier du quai Saint-Antoine , qu'il ne faut pas confondre avec la Sorcière de Michelet, reviendra au jour de l'An et avec lui tous les prestiges, toutes les féeries mais, en attendant, que faire ? Les grands aussi s'ennuient ; mais ceux-là , du moins, on peut les contenter. Nous avons d'abord les Ganaches qu'il faut voir pen- dant qu'on le peut ; puis les Bibelots du Diable qui sont plus spi- rituels que le Pied de Mouton , que la Poule aux œufs d'or , la Beauté du Diable , les Pilules du Diable et autres diableries si fort à la mode eu ce temps-ci. On l'a dit, les marins n'aiment pas à voir les drames maritimes si goûtés des habitants de l'intérieur des terres ; nous ne sommes donc pas étonné que les hommes de chiffres et d'affaires du jour se jettent comme des perdus sur cette pâture affriolande de contes bleus, de transformations inouïes, de baguettes enchantées , de talismans tout puissants, de mirlitons magiques, de poudre de perlimpinpin qu'on ne croyait bons au- trefois qu'à amuser les enfants et le bonhomme Lafontaine. Aimez-vous la musique ? on en a mis partout. C'est M. Pontet qui reprend ses soirées musicales si courues, M. Aimé Gros, au talent magistral, M. Le Beau, le célèbre organiste de Saint-Roch, M. Lapret, Mlle Champier , dont le jeune talent demande une place au soleil, c'est enfin la direction des Providences agricoles de Saint-Isidore qui donne, non un concert, mais une messe due au talent d'un Lyonnais , M. Paliard, sous la direction de notre habile chef d'orchestre George Hainl. — Vous savez que le portrait de Boileau peint par Santerre et envoyé par le célèbre satirique à son ami Brossette est retrouvé? C'est toute une histoire. La toile est magnifique, le poète est vivant; le cadre est bien tel qu'il est décrit par i'érudit commen- tateur, largement sculpté et orné du quatrain composé pour la circonstance contre la Pucelle de Chapelain. Le tout se voit dans un faubourg de Lyon, à dix minutes des Terreaux ; le propriétaire de ce trésor sera charmé de vous le montrer. —Dans sa séance du mardi 2 décembre, l'Académie de Lyon a nommé : membres associés, M. le sénateur Vaïsse et M. le mar- quis de Belbeuf; membres titulaires , MM. Loir, Mollière et Rei- gnier , enfin , membres correspondants , MM. Aristide Dumont, Faucher-Prunelle et Philibert Le Duc. En citant ces noms , il n'est pas besoin d'ajouter d'autres détails , le public est au cou- rant ; seulement on se demande : quand donc M. Soulary passera- t-il? est-il trop poète? ou nel'est-ilpas assez? A. V. Aimé VINGTRINIER, Directeur-Gérant.