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-DES TENDANCES DE L'AKT. 477 et, grâce à ce concert d'éloges populaires, la hideuse ty- rannie intellectuelle lèye tous les jours plus haut sa tête vulgaire et flétrie. En se laissant entraîner vers le despotisme dont nous l'accusons, l'art manque, suivant nous, à son premier de- voir. Il y a trois grandes libertés , la liberté morale, la li- berté intellectuelle et la liberté politique. La première, la plus importante de toutes et la fille aînée de Dieu, a été donnée au monde par le christianisme; la deuxième, celle de l'esprit, vient ensuite ; elle ne réside pas dans les lois, elle habite dans le cœur de l'homme, et l'art qui, par ses aspi- rations, encore plus que par ses œuvres, représente la par- tie la plus élevée et la plus indépendante de la culture in- tellectuelle, est avant tout chargé de l'établir et de la con- server. Quand il ne le fait pas, il oublie sa mission ; quand il demande à grands cris la liberté politique sans pratiquer la liberté intellectuelle , au lieu de se grandir il se rabaisse lui-même, et en arrive quelquefois au point de ne mériter que la pitié. Absence d'esprits supérieurs, influence des esprits mé- diocres , assujettissement de l'art aux passions vulgaires, tyrannie intellectuelle , voilà donc ce qui nous a frappé, mais de tout cela ressort-il une tendance unique à laquelle se rattachent toutes les autres ? Nous ne le croyons pas. En plongeant nos regards dans i'abîmc des incertitudes, creusé par les bouleversements de notre ère, et dans lequel tour- billonnent pêle-mêle les intérêts et les lois, les idées et les faits, les vérités et les erreurs, les grandeurs et les fai- blesses, nous voyons que l'art, comme la société tout en- tière, s'agite entre deux grandes tendances, l'une mauvaise, c'est la prétention de la raison humaine à se passer de Dieu