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UNE NUIT DE DISSOLUTION. 457 SCÈNE VII. MADAME DE FRESNE (Seule.) Ce cher vicomte, son ton pénétré me gagnerait et j'ai besoin d'apporter quelque diversion (elle s'assied devant la table) aux sentiments que malgré moi j'éprouve. Voyons ces lettres puisqu'on peut les lire. (Elle les dispose comme on ferait d'un j«u de cartes et promène son regard d'une manière assez peu atientive, de l'une à l'autre). Ceci me révèle les causes de l'état d'abandon dans lequel j'ai trouvé ce poste, mais je pense bien que Monsieur le vicomte n'a pas pris au sérieux ces prétendus motifs. La garde-nationale doit avoir, ce me semble, beaucoup d'ana- logie avec les cercles et les clubs qui ne servent en grande partie aux hommes qu'à dissimuler l'emploi de leur temps, et qu'à se déshabituer petit à petit des joies comme des devoirs du foyer domestique. Mon mpri, M. de Fresne [avec un soupir) était de toutes les réunions de ce genre, et je n'ai pas encore perdu le souvenir des inquiétudes que me causaient ces habitudes extérieures, si profondément enra- cinées dans le monde élégant, ce monde qu'on envie et qui n'a bien souvent du bonheur que la vaine apparence.... J'entends quelqu'un.... SCÈNE VI11. MADAME DE FRESNE, L'AMIRALE de la station d'Asnières. ( Chapeau dit canotier, avec une plume bien ondoyante, un pince taille ou un saute- en-barque.) L'AMIKALE. (Entrant assez cavalièrement et paraissant surprise de voir un poste de garde-nationale composé seulement d'une femme en toilette de bal.) Le chef de poste s'il vous plaît, Madame?... MADAME DE FRESNE. Il est sorti, Madame.... (Madame de Fresue prend La Patrie et paraît peu disposée à engager la conversation.) L'AMIEALE. Depuis peu?... MADAME DE FRESNK. Depuis quelques secondes....