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UNE NUIT DE DISSOLUTION. 481 SCÈNE IV. LE VICOMTE, M»« DE FRESNE. mo (M de Fresne avec une capuche,«ne sortie de bal et une toilette de soirée dansante. Le Vicomte soutient d'abord cette dame, puis lui enlève délicatement sa capuche qu'il dépose sdr ïa table en disant: ) Quel éclatant visage, quels traits aristocratiques ! (Il l'éventé avec beaucoup d'empressement, il se sert pour cela du journal La Patrie. puis de l'éventail de l'inconnue qu'il aperçoit à l'une de ses mains.) Madame, reprenez vos sens.... (il continue à l'éventer.) Madame, essayez de respirer ! (Il lui dénoue les cordons de sa sortie de bal et la laisse sur le haut des épaules. Il défait ensuite les boutons de ses gants, tout cela avec beaucoup d'adresse et de promp- titude. En regardant les mains il poursuiî:) Quelles délicieuses extrémités Mais les yeux ne s'ouvrent pas ; ce sont là des secours insuffisants ; il fau- drait de l'air, des sels, une femme de chambre ; ( il indi- que par des gestes qu'il faudrait surtout séparer les tiens du corsage) mais ceci ne rentre pas dans mes attri- butions de caporal; voyons, un moyen héroïque ! {Ils'écrie): Madame, vous voilà délacée. ( L'inconnue fait un bond, examine rapidement l'état de sa toilette, n'y reconnaît pas trop de désordre et tend la main au Vicomte.) LE VICOMTE. (Prenant la main.) J'ai remarqué, Madame, qu'elle était fort belle. MADAME DE FRESNE. (Avec une certaine vivacité, sans cependant avoir repris tous ses sens). Mais, Monsieur, ce n'est pas pour vous la faire admirer, c'est pour vous remercier LE VICOMTE, D'avoir mis un terme à votre évanouissement par l'effet d'une commotion morale?.... MADAME DE FRESNE. Mieux que cela, Monsieur, de m'avoir sauvé la vie ; un tour de roue de plus et je crois que j'étais morte. LE VICOMTE. Je ne comprends pas, Madame. MADAME DE FRESNE. C'est bien vous qui vous êtes précipité au devant de ma voiture.