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448 ' UNE NUIT DE DISSOLUTION. chacun d'excuses aussi peu admissibles les unes que les autres. (Ouvrant négligemment les lettres restées sur la table). Mais je n'ai que trois lettres, et pourtant je comptais un quatrième voltigeur, un de mes voisins, un Alsacien, le sieur Muller qui voudrait être garde particulier dans les bois de ma tante et je m'étonne qu'à raison de ce détail, il soit parti à la dérobée. Qu'il ne m'ait pas écrit, cela va de soi, il lui est déjà si difficile de rendre sa parole intelligible (On entend un ronflement, le caporal regarde sous la table et ne voit rien). Il aurait dû toutefois me prévenir. (Le ronflement redouble et le Caporal se dirige vers le violon). J'y suis, le sommeil aura répandu ses charmes sur les paupières appesanties du voltigeur dont je croyais avoir à déplorer l'éloignement. (Le ronflement prend des proportions considérables. Le Caporal de la porte du / violon se tournant du côté du spectateur et gaiement): Que de forces perdues dans la nature ; si l'on pou- vait au moins appliquer de pareils soufflements aux besoins de l'industrie; il y a bien des appareils mécaniques contre lesquels il suffirait de ronfler de la sorte pour les mettre en mouvement. (On entend dans le violon une forte voix qui crie avec le ton alsacien) : Qui file, qui fa là ! (Le Caporal regarde dans le violon). Mon voltigeur s'est effrayé et s'est en même temps réveillé par ses propres mugissements. Ah il se détend et vient de ce côté. (Pendant cette fin de scène le caporal se débarrasse de son sabre et de son ceinturon). SCÈNE II. LE VICOMTE, MULLER. LE VICOMTE. Je vous remercie de n'avoir pas suivi l'exemple de vos camarades, d'être resté ici; et vous avez bien fait (sou- riant) d'adoucir les rigueurs de votre solitude en prenant du repos. Vous êtes doué d'un sommeil très calme. MULLER. Che rêvais acréablement. LE VICOMTE. l)e votre femme sans doute.