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                BATAILLE ENTRE ALBIN ET SÉVÈRE.                  443
 Albin, vaincu dans une première affaire, aurait été ensuite plus
 heureux contre Lupus. Mais j'abandonne ce détail et j'arrive au
 point important.
    Albin, voyant [qu'il avait à se débattre contre un ennemi re-
 doutable, jugea à propos de l'attendre dans une excellente posi-
 tion. Son armée comptait 50,000 hommes et celle de son adver-
 saire autant. La plaine de Roye, dans les environs du camp de
Sathonay, mesure du Rhône à la Saône une distance de moins
 de trois kilomètres, ce qui devait parfaitement convenir pour
 appuyer l'aile gauche et l'aile droite des Albiniens. En outre,
 une vallée profonde et abrupte opposait aux Sévériens une for-
tification naturelle, sur laquelle on comptait d'autant mieux que
la voie romaine la traversait. Ce vallon, après avoir couru de
l'est à l'ouest, se dirige ensuite par une courbe assez brusque
au nord-est. Ces deux circonstances de la très-petite distance
entre le Rhône et la Saône et de la vallée escarpée sont très-
importantes à noter pour l'intelligence du texte de Dion Cassius.
Au reste, on peut consulter, à cet effet, le plan du camp de Sa-
thonay et de ses environs, dressé en 1860 par M. Légié Proven-
çal, officier au 54e. Tous les historiens sont d'accord sur ce point,
que la bataille eut lien très-près de Lyon, apud Lugdumim,
ce qui nécessairement a dû. être, puisque les vainqueurs, d'après
Hérodien, entrèrent dans la ville en poursuivant les fuyards.
   Sévère arrivait par le plateau de la Bresse, et il se trouva en
présence d'Albin, qui occupait la plaine de Roye, ayant sa
gauche du côté de la Saône, et sa droite sur le Rhône. Je vais
suivre maintenant la narration de Dion Cassius. Les Sévériens
attaquèrent la gauche des Albiniens, qui furent mis en désordre,
mais les assaillants, perdant leur temps à piller les bagages, ne
recueillirent pas le fruit de ce premier succès. Les soldats
d'Albin, qui occupaient la plaine, avaient creusé en avant de
leurs lignes de vastes fossés, soigneusement recouverts ; en
sorte que l'on ne pouvait pas en soupçonner l'existence. Ils se
tenaient en deçà, se contentant de lancer des traits, sans oser
avancer, et même ils se retiraient en simulant la terreur. Les
Sévériens attirés par cette ruse, se ruèrent en masse sur leurs