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418            LE MOIS DES MORTS.

      Dans ces prés ne retourne pas ;
      Le bois mort que le vent y sème,
      Avec la trace de vos pas,
      A caché le sentier lui-même.

      Tu peux marcher jusqu'à la nuit ;
      Tu seras seul avec ton livre.
      On refuse, hélas ! de te suivre
      Où, jadis, on t'avait conduit.

      Tu n'aurais là d'autre cortège
      Qu'oiseaux noirs et loups aux abois ;
      L'hiver a changé, dans les bois,
      Vos lits de mousse en lits de neige.

      Voici l'heure où le souvenir
      Peuple seul la forêt discrète ;
      Sans y troubler aucune fête,
      Les morts peuvent y revenir.

      Au bord des étangs et des chaumes,
      A l'abri dans les chemins creux,
      Tu peux converser avec eux....
      Suis, pas à pas, ces chers fantômes.

      Ils te ramènent par la main
      Dans ce passé que l'on t'envie ;
      Où les lambeaux de votre vie
      Pendent aux buissons du chemin.

      Qu'ont-ils fait de leurs premiers charmes
      Ces jardins aux vives couleurs,
      Où l'on récolte moins de fleurs
      Hélas ! qu'on n'y sème de larmes ?