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TRAVAUX DE l/ACADÉMIE. 407 trine pour respirer ; nous avons conscience d'un effort constant de l'âme sur tous les organes, de telle sorte que lorsque cette action n'a plus lieu sur un point quelconque de l'organisme, nous sentons comme un vide, une lacune dans l'action vitale de l'âme. Il paraît impossible à M. Bouillier de ne pas prendre cet effort dont nous avons conscience pour l'énergie vitale elle- même. En terminant, M. Bouillier remercie l'Académie de l'honneur qu'elle lui a fait, en s'occupant d'un de ses ouvrages, pendant trois séances. M. le docteur Devay demande à répondre brièvement à ce qui vient d'être dit par M. Bouillier. Suivant M. Devay, l'honorable professeur de philosophie n'a pas détruit les principales objections qu'on oppose à l'animisme, celles, entre autres, relatives à la diversité des causas pour pro- duire des effets divers. C'est en vain qu'il s'appuie de l'exemple tiré de l'électricité qui produit des phénomènes si disparates; ces phénomènes, quoique différents dans leur apparence, étant tous relatifs à l'ordre physique, tandis que l'âme, dans l'hjpo- thèse de l'animisme, serait la cause de la pensée, en même temps que de la digestion, des sécrétions, etc. Il y a essentiellement des différences de nature entre ces phénomènes : ce ne sont pas de simples modalités. M. Bouillier, continue M. Devay, attache une grande impor- tance aux perceptions organiques de l'âme, pour prouver qu'elle régit les phénomènes vitaux. Mais en est-il ainsi? La pratique de la médecine, la clinique ne démontrent-elles pas autre chose ? Dans les grands dangers que court l'organisme, l'âme, loin de recevoir des perceptions nettes et distinctes, n'en perçoit que d'erronées: le phthisiques'abuse jusqu'à ses derniers moments, le malade atteint d'une lésion organique en méconnaît toujours le siège ainsi que la nature. Le médecin qui se fierait aux per- ceptions de son malade porterait de faux diagnostics. Par contre, les hypochondriaques, les mélancoliques croient voir, à chaque instant, leur machine se détraquer et n'ont cependant pas le moindre mal. On se demande, en présence de ces faits, ce que