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AU XIIe SIÈCLE. 365 voisines, et par-dessus lequel se regardaient les deux églises, la collégiale hautaine du château et l'humble paroissiale de Saint-Marlin-des-Eloux, ce lac fut sacrifié dans une épreuve douloureuse. C'est toujours la tradition qui parle. Les faits transmis de génération en génération par les pères aux fils ne parviennent, au bout de quelques siècles, à l'oreille de la postérité qu'avec une variété infinie de détails plus ou moins romanesques. Ainsi pour l'accident auquel Beaujeu doit sa naissance : Un fils de Guichard disparut dans la profondeur des eaux. Que ce soit dans une partie de chasse, à la poursuite d'un cerf aux abois; que ce soit en se baignant; que ce soit en lançant le filet ; que ce soit en faisant boire ses chevaux ; les accessoires varient; mais le fond n'en est pas altéré. Môme variété dans l'issue du drame. Suivant les uns, aux yeux de la mère éplorée accourue sur le rivage et faisant vœu de bâtir une église au lieu où reparaîtrait sonfils,le jeune homme re- vint sur l'eau au-dessus de l'emplacement de l'église de Saint- Nicolas; suivant les autres le jeune homme ne reparut pas ; on rompit la chaussée naturelle existant au lieu dit l'Etroit— Pont, les eaux s'écoulèrent et le corps inanimé fut retrouvé gisant sur le sol de l'église actuelle. Toujours est-il, quelle que soit la version adoptée, que là où fut revu le fils, mort ou vif, s'éleva le monument d'actions de grâces, selon I s uns, d'expiation, selon les autres. La digue brisée, l'étang vidé, l'.lrdière se creusa le lit où elle roule aujourd'hui ses eaux torrentueuses. Guichard, sur la rive gauche, au territoire des Étoux, jeta les fon- dements d'une église. Elle était achevée depuis quelque temps et n'était qu'une annexe de celle des Étoux, lorsque le pape Innocent II passa à Beaujeu et surprit Guichard sa barbe à demi-faite. Le sire,