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346 TRAVAUX DE L'ACADÉMIE. regrette que, sous le nom d'âme, M. Bouillier ait compris le principe psychique et le principe vital et n'ait pas établi la dis- tinction des deux natures. Le mouvement spontané ayant été indiqué par M. Bouillier comme le signe distinctif de l'âme, M. Perrin cherche à démon- trer qu'il existe dans l'homme deux modes d'activité, l'une exté- rieure, appréciable aux sens, qui meut la matière, se met en rapport avec le monde physique et a pour stimulants le besoin, le plaisir, la douleur; l'autre intérieure, activité métaphysique dont le mouvement ne peut être apprécié que par la conscience, le mot mouvement étant ici une expression figurée. Après avoir établi la différence des caractères des deux prin- cipes, M. Perrin rappelle que ces deux natures sont sujettes à des maladies spéciales qui, en exagérant les facultés, les rendent si différentes l'une de l'autre, qu'on a été obligé de créer des hôpitaux spéciaux pour les hommes atteints d'aliénation men- tale et d'autres hôpitaux pour ceux chez lesquels le principe vital est seul compromis. La conception fournit encore à M. Perrin une preuve de notre double nature. Lorsque, dans l'acte delà copulation, l'homme est ivre, le principe psychique étant opprimé par la surexcitation du principe vital, par le trouble des sens, l'enfant qui provient de cet état anormal est le plus ordinairement idiot. L'anatomie apporte aussi son témoignage en faveur de notre double nature : l'appareil vasculaire est la résidence du sang, le véhicule de la vie, cette âme de la chair, comme dit l'Ecriture ; l'appareil nerveux ou cérébral est la résidence du principe psy- chique. Chez le premier, tout concourt à favoriser le mouvement; chez le second, tout est disposé pour le repos. Ces deux appa- reils expriment ainsi par leur configuration, comme par leur texture, le caractère différentiel des deux principes. Le défaut d'équilibre dans le développement du principe vital et du principe psychique modifie le caractère des maladies, en rend le diagnostic clair ou obscur. Enfin, l'opposition qui existe entre la raison et l'instinct est