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296 HISTOIRE DU BEAUJOLAIS « Ayant ramassé ses forces, il se sentit subitement poète et s'épanchant magnifiquement dans sa langue, le français, il fut Y Homère des laïques. » Certes on ne peut ambitionner panégyrique plus flatteur. Reste à savoir si Walter Mapes était juge compétent. Pro- chainement nous serons fixés, car nous avons enregistré avec bonheur la promesse suivante : « Les vers du chevalier moine et poète n'ont pas pu trou- ver place ici ; mais nous publierons à la suite de notre tableau généalogique des sires de Beaujeu ce monument littéraire, l'un des plus curieux de la langue française (1). » Pendant que la poésie embellissait et honorait les dernières années de l'ambitieux baron, son fils Humbert, trahi par la fortune, voyait l'héritage paternel devenir la proie de ses ennemis. Le vieillard indigné sortit de sa retraite. C'est encore Walter Mapes qui parle : « Hic jam Cluniacensis monachus jam dicta Imberlo filio suo, lieet vix impetratus ab abbato etconventu, totam terram suam quarn idem filius per poteslatem hoslium et suam im- potentiam amiserat, armata manu restituit. » « Le moine de Cluny, bien qu'à peine autorisé par l'abbé et le couvent, rendit à main armée à son fils toute sa terre que cefilsavait perdue autant par la puissance de ses enne- mis que par sa propre impuissance. » « Reversusque , devotus in voto persislens, diem suum felici clausit exitu. » « Puis revenu et persistant avec dévotion dans ses vœux, il termina ses jours heureusement (2). » Heureusement n'est pas le mot. S'il en faut croire Pierre le Vénérable, les souffrances de Guichard ne finirent pas avec cette vie. (1) Lamure, ouvrage cité... t. i e r , note de la page 127. (2) Lamure, ouvrage cité, note citée.