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284 HISTOIRE LITTÉRAIRE Il me reste a parler du style de l'ouvrage. En le lisant, on s'aperçoit tout de suite que Constantin ne fait qu'apparaître. Le style chrétien n'est pas trouvé. Les termes qui doivent en former la trame n'ont pas encore été passés au crible épurateur d'une critique orthodoxe. Ainsi, dès le début, l'auteur met une urne, urnam, entre les mains du Dieu qui doit juger les vivants et les morts. Il pouvait, la Bible lui en faisait une loi, introduire la balance dont Milton a fait un si magnifique usage dans son Paradis perdu, cette balance terrible que le moyen âge peignit, chargée d'âmes, sur les fresques et les verrières de nos basiliques, il n'en fait rien. Rempli de son Horace, Yomne capax rnovet urna nomen lui fait jeter un regrettable anachronisme dans ce vers , l'un de ses meilleurs : Quisfinehumano metitur judicis urnam Perpetui ? Plus loin, il appelle lare, tarent, l'intérieur du tombeau de saint Rhéticius. La quantité ne lui en faisait pas une obli- gation. Il avait à sa disposition domus, expression générale qui, chez les peuples païens, et plus tard, chez les disci- ples de Jésus, servit, avec un qualificatif, à désigner la de- meure dernière. Plus d'un marbre funéraire chrétien, au temps où il vivait, pouvait lui montrer cette expression, déjà consa- crée, domus œterna. Mais, séduit par la signification spé- ciale du mot larem, par sa belle sonorité, il écrit ce vers qui, malgré la sombre harmonie dont il est empreint, choque la convenance religieuse : Horrendumque larem jam lux ingrata retexit. Ailleurs, il nomme le vin, nectar : Tu manare jubés fecundo neclare vites. Ce mot, aujourd'hui reçu dans notre langue pour expri-