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274 HISTOIRE LITTÉRAIRE tion théologique des Irénée , des Caius et des Hippolyte. Il n'en est pas de l'écrivain qui suit immédiatement com- me du vénérable évêque de Lugdunum. Si le nom de celui-ci se montre glorieusement à la postérité sans l'entourage d'une seule œuvre littéraire, l'ouvrage de celui-ci s'y présente sans l'accompagnement du nom de l'auteur qu'elle honore ; je veux parler du poème légendaire anonyme intitulé : De laudibus Domini. Ce petit poème soulève, au point de vue littéraire, une foule de questions dignes du plus haut intérêt. Son sujet est cette histoire si touchante, et si connue aux moyen âge, de deux époux qui, réunis après leur mort dans la même sépul- ture, se tendent et se prennent les mains en signe de leur alliance éternelle. C'est assurément la plus ancienne des légendes inspirées par le christianisme et la première sur laquelle se soit exercé la muse chrétienne. Elle a pris nais- sance au IIIe siècle, sur les bords de l'Arroux, dans Augus- todunum. Saint Grégoire de Tours l'a contée, de même que l'auteur du poème De laudibus, mais avec des circonstances omises par ce dernier. Ces détails, dans lesquels entre le père de notre histoire, sont d'autant plus précieux, qu'ils nous font connaître la source respectable et pure d'où sortit ce premier des récits légendaires chrétiens. Dans les âges qui suivirent la prédication des disciples du Seigneur, il n'était pas rare de voir des jeunes gens, de l'un et de l'autre sexe, comblés de tous les dons de la fortune, de tous les avantages de la beauté, s'engager dans les liens du mariage, avec l'intention, arrêtée d'avance, de vivre séparés comme époux, unis comme frères, et d'imiter ainsi jus- qu'au dernier jour l'exemple donné, trois nuits durant, par le pieux fils de Tobie et sa belle compagne (1). (1) Chap. vi, versets 18 à 22 ; vin, vers. 4. — Ces exemples de renon- cements n'étaient pas rares aux premières époques du christianisme. Saint