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UNE CONFESSION A propos des Annales de Tacite, traduction nouvelle par M. Félix OLIVIER. Plusieurs écrivains célèbres, dont un saint, ont fait des Con- fessions qui n'ont pas peu contribué à immortaliser leur nom; nous ne connaissons aucun imprimeur qui ait cherché la gloire en prenant ce chemin épineux., et cependant quels aveux un typographe aurait à faire pour peu qu'il eût d'observation, de bonne foi et d'esprit ! quelles révélations précieuses il pourrait glisser dans l'oreille du public! quelles confidences délicates, sentimentales ou plaisantes il aurait parfois à verser dans le sein du lecteur ! Dans ses tableaux, il pourrait montrer le jeune poète à peine échappé des bancs qui vient, timide et rougissant, aporter s on manuscrit à l'impression en avouant qu'on lui a prédit une destinée à rendre fous de jalousie Victor Hugo et Lamartine, et que, la veille encore, on lui a déclaré en toute franchise, que Laprade et Soulary dont on fait tant de bruit, ne lui vont pas au talon (historique). Il pourrait décrire, la jeune dame mystérieuse et voilée qui voudrait publier un sonnet pour rendre son nom célèbre et entrer plus facilement comme sous- maîtresse dans un pensionnat; le critique jaune qui promet à une publication périodique une suite d'articles sans pitié ni merci, à condition que son nom ne sera pas divulgué ; le littéra- teur grand seigneur, qui présente un travail de deux pages et qui demande un lirage à part; et si des auteurs qui l'amusent, le pauvre imprimeur se replie sur lui-môme, que de fautes, que d'erreurs il découvre, accidents imprévus qui le désespèrent, bourdons désolants qui ôtent tout sens à une phrase, coquilles perfides qui d'un mot sérieux font un mot ridicule, reproches de l'auteur qui, son livre en main, prouve que le correcteur a été distrait, ou le metteur en pages maladroit. Que d'histoires la- mentables à citer, depuis l'écrivain novice qui attend pour lire ses épreuves que son livre soit imprimé, jusqu'au savant sérieux dont on a oublié les corrections 1