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188                      PIERRE REVOIL.

   La foule aime les jugements tout faits, la critique parle,
la foule ratifie et tout est dit : l'artiste se trouve ainsi jugé
et exécuté sans avoir été entendu ! Et c'est ainsi qu'on tue
quelquefois dans leur maturité, quelquefois dans leur déclin,
les Gilbert, les Nourrit, les Léopold Robert et les Gros.

   Les artistes comptent a Lyon de nombreux prolecteurs;
la Société des Amis des Arts, qui y a été fondée, en est
une preuve ; cette Société, composée d'hommes éminents
a tous égards, a droit à toute notre reconnaissance, car ses
efforts nous viennent en aide et ont contribué puissamment
à entretenir à Lyon le goût des beaux arts. Qu'elle en soit
deux fois bénie ! Quant a notre École, la vigoureuse et in-
telligente impulsion que lui avait imprimée Révoil a été di-
gnement continuée par son élève Bonnefond, notre bien-
aimé et si regretté confrère. L'industrie lyonnaise, l'une des
plus grandes gloires et des plus grandes richesses de la
France, a-t-elle suffisamment compris que c'est a ces maî-
tres et à quelques professeurs ignorés qu'elle en est rede-
vable ? En effet, la fabrique de Lyon, ce sont ses dessina-
teurs, et ses dessinateurs ce sont nos élèves. Cette gloire,
Messieurs, cette richesse nous sont disputées avec acharne-
ment, par l'étranger; mais nous les défendrons avec un cou-
rage et une persévérance qui ne se lasseront pas. Dans une
de vos solemnités récentes noire regretté confrère Saint-
Jean appelait toute votre attention sur les efforts incessants
que font nos rivaux. Il vous disait que l'Angleterre multi-
pliait incessamment ses écoles de dessin et s'appliquait à
nous enlever nos meilleurs maîtres, nos meilleurs dessina-
teurs. Ce cri d'alarme ne sera perdu ni pour notre ville, ni
pour les hommes éminents de sa fabrique, ni pour celui à
qui a été confiée la haute mission de veiller a sa garde et
k ses destinées. Nul ne s'endormira ni ne se découragera en