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406                    NICOLAS EERGASSE.

 Chantelauze, son compatriote, entré depuis trois mois au mi-
 nistère de la justice, jetant les yeux sur la liste des quatre-
vingts ou cent noms qui avaient reçu du roi ce titre purement
distinclif, fut scandalisé de n'y pas trouver celui du célèbre
publicislequi était une des gloires de sa ville natale ; il l'ins-
crivit donc de sa propre, autorité et par une ordonnance qui
n'était pas même revêtue du contre-seing des autres minis-
tres. C'est ce tardif et modeste honneur couronnant une lon-
gue vie de vertus et de services que l'esprit de parti osa
reprocher à Bergasse travesti par le Constitutionnel du temps
en obscur partisan du despotisme.
    De ce jour, dit son biographe de 1832, l'écrivain politique
s'enveloppa dans le manteau d'Anaxagore. Qu'il me soit per-
mis d'ajouter que le chrétien se retira au pied de la croix
où il avait vécu dès sa jeunesse en croyant éclairé et fervent.
C'est là que la mort vint le prendre, le 28 mai 1832, au mo-
ment même où il recevait le dernier sacrement des mou-
rants. Deux ou trois journaux appartenant aux opinions
qu'il avait servies donnèrent quelques lignes à l'annonce de
cet événement, puis tout fut dit sur Nicolas Eergasse, et le
silence a recouvert son nom jusqu'à cette soirée où l'Aca-
démie de Lyon devait l'évoquer de nouveau devant ses com-
patriotes.

                             VIII.

   Telle est, Messieurs, cette longue existence d'un Lyonnais
assurément digne de mémoire, et dont le souvenir commen-
çait à disparaître dans un injuste délaissement. Pourquoi ai-
je tenu à le retirer pour un moment de ce grandfleuved'ou-
bli, de ce Lélhé de l'histoire qui roule pêle-mêle nos noms et
nos œuvres vers l'insouciante postérité? Est-ce pour la vaine
satisfaction de raconter quelques anecdotes inédiles: Est-ce