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                       NICOLAS BERGASSE.                      94

                              VI.

    La devrait se terminer le récit de la vie publique de Nicolas
Bergasse, car de cette époque à celle de sa mort, qui était en-
core éloignée, il n'a reparu dans aucune assemblée ni occupé
aucune fonction. Mais, ne l'oublions jamais, c'est au carac-
tère et non à la position que revient a la longue toute in-
fluence comme tout honneur, et ce don inappréciable du
caractère, si complet qu'il dispense presque de cet autre don
moins rare du lalenl, est le seul qui marque les fronts faits
pour s'élever au-dessus de la foule. Bergasse, vous l'avez
déjà reconnu, portait haut ce signe privilégié que nos pères
tenaient sans doute d'une éducation plus classique et plus
chrétienne, et d'une société à la fois plus libre el plus réglée.
Désigné d'avance aux bourreaux qui allaient usurper le gou-
vernement de la Révolution, il crut de son devoir de s'offrir
au roi pour le défendre devant la Convention, et ne consentit
a quitter Paris qu'après la néfaste journée du 21 janvier.
Son projet était de rentrer en Espagne, berceau de ses an-
cêtres, dont un des premiers a figuré, dit-on, sous le nom de
Vargas, parmi les compagnons du Cid. 11 alla donc se ré-
fugier à Tarbes, attendant une occasion propice pour passer
les Pyrénées. Reconnu et arrêté dans les premiers jours de
juillet 1794, c'est-à-dire de cet heureux thermidor qui devait
sauver tant d'innocents, il fut ramené à Paris de brigade en
brigade pour être jugé par le tribunal révolutionnaire. Ma-
lade, ayant trouvé en roule quelques gendarmes compatis-
sants qui ne pressaient pas trop son voyage vers la guillotine,
il eut la bonne fortune d'arriver dans la capitale le lendemain
du jour où la tête de Robespierre avait roulé à son tour sur la
place de la Révolution. Ce n'était pas cependant une raison
de se croire libre, surlout pour un prisonnier de cette impor-