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74                           BIBLIOGRAPHIE.
dans les questions scientifiques, ajoutez, dis-je, la fermeté, la
sobriété et l'élévation et vous aurez défini le langage de l'auteur
du Principe vital.
   Il existe dans la philosophie spiritualiste moderne un grand
procès qu'elle a hérité de la philosophie du moyen-âge, à qui
déjà l'avaient transmis les écoles anciennes. Le livre qui nous
occupe est un plaidoyer dans ce procès ; nous allons exposer l'un
et l'autre, en nous efforçant d'emprunter à l'avocat un peu de la
clarté qui caractérise son talent.
   Il s'agit de savoir si la pensée et la vie sont en nous les effets
d'une même cause ou de deux causes distinctes ; si le principe
vital et l'âme pensante sont deux forces ou se confondent en
une seule ; en d'autres termes si nous avons une ou deux âmes.
Il y a dualité, disent les uns ; c'est la doctrine de l'école de
Montpellier et d'un certain nombre de philosophes spiritualistes,
entraînés dans cette voie à la suite de Maine de Biran et de
Jouffroy. Il y a unité, disent les autres; cette doctrine, qui s'ap-
pelle l'aniniisme, est celle de M. Bouillier ; la défendre est le but
de son livre. Lorsqu'on veut écrire l'équation qui doit définir la
relation existant entre deux termes d'un problème mathémati-
que, il faut, avant toute chose, exprimer complètement chacun
de ces termes. Ainsi procède l'auteur du Principe vital ; il définit
l'âme, il définit la vie. C'est la conscience, attentivement inter-
rogée, qui lui révèle la véritable essence de l'âme. La conscience,
en nous apprenant que nous pensons, nous apprend que cette
pensée a pour cause et pour sujet un principe actif; cette acti-
vité, susceptible de s'exercer de différentes manières, principe
commun de la locomotion, de la sensibilité, de l'intelligence, de
la volonté, la conscience l'affirme, comme elle affirme la pensée
elle-même. L'agent doué de cette activité, ce totum potestativum,
comme l'appelle Albert-le-Grand, c'est l'âme. L'âme est une force;
c'est là une notion parfaitement claire, fournie immédiatement
parla conscience. La force n'est pas un attribut, elle existe par
elle-même, elle est une réalité, un être. Cette force travaille
toujours et ne peut être conçue inerte. Le mode permanent de
son activité, c'est l'énergie motrice qui s'exerce avec ou sans
conscience des actes produits. Voilà l'âme.
   Qu'est-ce maintenant que la vie? Les duodynamistes et les
animistes s'accordent sur ce point que la vie est un principe unique
et distinct des organes. Elle est aussi une force, ayant son activité
propre, formant, conservant et réparant le corps, suivant le type
du genre et de l'espèce.
   Voilà deux forces nettement définies et dont l'existence est
certaine ; la conscience a découvert la première, l'expérience la
seconde. Sont-ce deux êtres distincts ? Ou n'est-ce pas un même
être vu sous deux aspect différents, vu d'abord de l'intérieur, vu
ensuite du dehors? A l'appui de cette opinion, M. Bouillier in-