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6             L'OISEAU    EMPAILLÉ.

    Tout ravi de ma découverte,
    Je l'admirais depuis longtemps;
    Chez moi, par la fenêtre ouverte,
    Entraient les brises du printemps ;

    Les oiseaux chantaient dans la plaine,
    Aux premiers rayons du soleil...
    J'eus l'idée étrange et soudaine
    D'aller leur montrer leur pareil.

    Je voulus voir si d'aventure
    Ils reconnaîtraient un des leurs
    Et je le mis sur la verdure,
    Parmi la rosée et les fleurs.

    Tous les chanteurs du voisinage,
    Sitôt qu'il eut frappé leurs yeux,
    Descendirent de leur feuillage
    Et l'abordèrent tout joyeux.

    Pinsons, chardonnerets, fauvettes,
    Linots, mésanges, tour à tour
    Sautillant, faisant des courbettes,
    Semblaient lui dire le bonjour.

    Tout-à-coup je vis... ô prodige!...
    Son corps s'agiter doucement :
    Je crus que j'avais le vertige,
    Mais cette erreur n'eut qu'un moment.

    Je le vois sur son entourage
    Promener des regards surpris,
    Puis ébouriffer son plumage
    Avec de joyeux petits cris.

    Le voilà qui lisse et relisse
    Avec son bec son vieux manteau,
    Qui se trémousse avec délice
    Et qui redevient jeune et beau.

    Ainsi je le regardais faire !
    Sa toilette dura longtemps ;