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486                LE MÉDECIN BIEN PORTANT.

rondes et rosées, et, s'il se lève en pirouettant, et court admirer
à notre glace sa face de chanoine, ne réfléchissons-nous pas in-
volontairement que cette même glace ne nous sert que pour ob-
server si une nouvelle teinte jaune ne s'est point épanchée sur
notre teint et si notre langue ne s'est point surchargée d'une ré-
cente couche de bile? Oh ! tout cela est triste, très-triste, et je
me prends à désirer que nosEsculapes aient tous de bonnes petites
maladies chroniques, qui les mettent mieux en harmonie avec les
malheureux qu'ils visitent. Comme alors il s'établirait entre eux
l'épanchement plein de charmes d'un mutuel intérêt ! Ils écoute-
raient, sans nous interrompre, le récit de nos maux, nous com-
patirions à la peinture des leurs ; ils nous guériraient en nous
plaignant, nous les plaindrions quand ils nous guériraient ; ce
serait charmant, et il y aurait du plaisir à être malade.
   Oui, j'en demeure convaincu, si l'on veut être bien traité dans
ses souffrances, il faut choisir, parmi les docteurs, non le plus ha-
bile, mais le moins robuste , car jamais je ne concevrai Esculape
sous les traits joyeux de Silène; en un mot un médecin joufflu,
rosé, fleuri, est pour moi une anomalie, un médecin racorni,
voûté et cacochyme, la première des consolations.
                                              J. PETIT-SESN.




                                   ^V.MMU*