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M. CHENAVARD. 433
n'a été donné ni a l'auteur de Notre-Dame de Paris, ni a l'in-
fluence très-légitime d'ailleurs de Chateaubriand, et si vous le
voulez de Walter Scott, ni aux exagérations du romantisme
de ramener l'esprit humain aux formes artistiques du moyen-
âge et d'effacer la notion supérieure du beau venue de la
Grèce. Si nous avons rendu aux monuments gothiques l'ad-
miration qui leur est due, nous n'avons pas brûlé ce que
nous avons adoré, et ce qui est éternellement admirable.
M. Chenavard est dans le vrai. Partout où l'art grec se ma-
nifeste a nous, il brille d'un tel éclat que tout s'efface en sa
présence, comme les maigreurs expressives et les élégances
ascétiques de la statuaire byzantine devant la beauté souve-
raine delà Vénus de Milo ou de la Polymnie.
Nous devons donc comprendre les convictions de M. Che-
navard, et honorer sa fidélité à ses doctrines. Il a traversé
sans défaillance une époque où le sentiment du beau et la
pureté du goût semblent avoir subi bien des influences qui
devaient les altérer ; et c'est pour se mettre en contact avec
ces grands exemplaires échappés a la destruction du temps
et des hommes qu'il a entrepris, en 1844, le Voyage de la
Grèce. De ce recueil lui-même, nous ne dirons que peu de
mots, faute de pouvoir en parler dignement. Les dessins se
recommandent par le double mérite de la précision technique
et de l'effet monumental ; nous avons été frappé surtout de
ses belles perspectives du Parthénon, des Propylées, de
l'Erecthéon, du temple de la Victoire Aptère. Paysagiste
habile, M. Chenavard excelle a reproduire les horizons et les
lointains de l'Orient ; nous avons remarqué son dessin du
promontoire de Sunium, ses vues de Lamia, du Parnasse, de
la fontaine de Castalie, et parmi ceux qu'il a recueillis dans
sa rapide excursion en Egypte, la vue de la place de Rou-
meyleh, au Caire. Son crayon est vif, exact, coloré; il
apporte dans l'interprétation de la nature la même sûreté, la
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