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426 M. CHEiNAVARD. Roanne et de la cathédrale de Belley, la construction des tours de Saint-Vincent de Chalon, nous montrent un autre aspect du talent de M. Chenavard. Mais, soit qu'il s'exprime dans cette langue architecturale aux flexions infinies, soit qu'il emploie les formes plus rigoureusement déterminées de l'art grec, sa pensée se produit toujours avec les mérites d'expression que nous avons essayé de caractériser. Les tours de Saint-Vincent de Chalon présentent, dans les deux tiers de leur élévation, la nudité commandée parle style extérieur de la vieille basilique ; mais leur couronnement, affranchi de cette loi, s'épanouit en ouvertures superpo- sées, en ogives, en trèfles percés à jour qui rappellent les motifs de sa décoration intérieure. Les façades de Saint- Etienne de Roanne et de la cathédrale de Belley sont, avec de légères variantes, deuxfillesjumelles de la même pensée. Toutes deux sont conçues d'après la même formule archi- tectonique empruntée à l'époque carlovingienne, transposée plus tard du roman au gothique, et qui, sans doute à cause de sa simplicité rudimentaire, a fourni le type universelle- ment adopté de nos églises rurales. On peut voir quel parti M. Chenavard a su tirer de cette donnée si primitive et si austère, comment il a su lui adapter les lignes ogivales, élancer la tour unique placée a l'entrée de l'édifice et dans l'axe de la nef, — élargir le développement de sa façade sans la compliquer, — assouplir ces formes au besoin d'une ornementation légère, — surmonter sa tour d'un beffroi ajouré de minces colonnettes, et fondre le tout dans d'heu- reuses proportions. Dans ces compositions empreintes d'un caractère de calme élégance, la science des formes ogivales se trouve comme épurée par les ressouvenirs de l'art grec. C'est l'art gothique, moins sa fougue, moins sa prodigalité, mais sobre et contenu, et pour tout dire d'un mot, interprété par un Grec; — une idée grecque sous une physionomie