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448                    NICOLAS BERÇASSE.

question autour de laquelle les esprits s'ameutaient. Tout en
maintenant comme nécessaires le vote et la représentation
par ordre séparés, le règlement du 24 janvier accordait le
doublement du tiers; concession louable assurément, mais qui
avait , comme toutes les demi-mesures, l'inconvénient de
mettre l'autorité en contradiction avec elle-même. Donner au
tiers-étal un nombre de représentants égal a celui des deux
premiers ordres, n'était-ce pas dire qu'il allait être appelé à
voter par tête avec les députés de la noblesse et du clergé ?
Car si l'on devait délibérer en chambres séparées, comme on
l'avait fait cent soixante-dh ans avant, qu'importait le nombre
de voix dans chaque chambre? Ainsi une ordonnance royale
avait sanctionné par avance ce rapprochement des trois ordres
qui devait être la première et facile victoire de la Révolution.
   D'autres questions se groupaient en foule derrière celle-là.
L'assemblée de la nation serait-elle permanente ou périodique?
serait-elle unique ou divisée en chambre basse el chambre
haute? Les ministres seraient-ils responsables devant elle ou
seulement devant le roi? La liberté de la presse devait-elle
être confiée au pays par la loi ou laissée à la discrétion du
gouvernement ? Tous ces problèmes constitutionnels , sur
lesquels nous croyons à chaque révolution avoir dit notre der-
nier mot, étaient agités alors avec l'ardeur d'une invincible
espérance. Les meilleures plumes du temps, Lacrelelle, Tar-
gel, Rabaud Saint-Etienne, l'abbé Moreilet, Sieys, Gérutti,
se distinguaient par des écrits où nous aurions encore beau-
coup à apprendre après ces trois quarts de siècle , qui n'ont
épargné cependant les leçons à personne.
   Bergasse essaya de résumer le débat dans une brochure
intitulée: Lettre sur les Etats généraux. Elle était adressée
aux officiers de la municipalité de Saint-Germain-Laval,
petite ville du Forez, d'où lui était venue une demande de
consultation politique et probablement une offre de candida-